Coronavirus : une PME bretonne vise deux millions de tests par mois
L'entreprise a reçu un million d'euros du ministère des Armées pour détecter le Covid-19. Elle doit aussi sécuriser une filière nationale pour les réactifs.
Par Guerric Poncet
Publié le | Le Point.fr
Deux millions de tests de détection du Covid-19 par mois : c'est l'objectif de production que se donne, pour juillet, la PME bretonne NG Biotech, qui a reçu un financement d'un million d'euros de la part du ministère des Armées. La commande, dont les détails sont tenus secrets, a été passée par la Direction générale de l'armement (DGA) le 31 mars, à la suite d'un appel à projets de l'Agence de l'innovation de défense (AID).
Créée il y a huit ans, l'entreprise installée à Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine) espère produire quelques dizaines de milliers de tests en avril, puis quelques centaines de milliers en mai, avant de passer à un rythme de deux millions par mois en juin.
Le « NG-Test IgG-IgM Covid-19 » a été développé avec le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le petit boîtier plastique « tout-en-un » pique le bout du doigt, collecte une goutte de sang et l'analyse avec des réactifs. « Il permettra en seulement 15 minutes de détecter si une personne est infectée par le virus depuis quelques jours seulement et reste contagieuse, ou si elle l'a été, est guérie et donc immunisée », détaille le ministère des Armées.
Brevets de multiplexage
Dérivé d'un test de grossesse et d'un test d'antibiorésistance, commercialisé par NG Biotech dans 70 pays, le test de détection du Covid-19 s'appuie sur des brevets liés au multiplexage, c'est-à-dire la possibilité d'effectuer plusieurs détections en un seul test, sur la même bandelette et avec la même goutte de sang. Il détecte deux types d'anticorps : les immunoglobines M (IgM), qui apparaissent lorsque le patient est infecté, et les immunoglobines G (IgG), qui apparaissent plus tard dans la phase de convalescence. Non seulement le personnel médical pourra être testé régulièrement, mais si le test est déployé à grande échelle, les patients dotés d'IgG pourront peut-être faire l'objet d'un déconfinement anticipé.
Un article scientifique doit être publié dans les jours à venir pour présenter les conclusions des essais menés au centre hospitalier de Parly 2 au Chesnay (Yvelines), à l'hôpital Lariboisière (Paris), à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) ou encore à l'Institut Alfred-Fournier (Paris). « Le test a aussi été soumis à l'Institut Pasteur, qui a probablement été submergé de dossiers, et nous n'avons pas encore reçu de réponse de leur part », explique le docteur Alain Calvo, cofondateur de NG Biotech et ancien président pendant 15 ans du leader des tests rapides Alere.
Les tests massifs pour déconfiner, « c'est impensable »
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L'utilisation massive de tests est évoquée pour faciliter le déconfinement, en privilégiant ceux qui sont immunisés, mais cela nécessiterait des dizaines de millions de tests disponibles dans les prochaines semaines. « Tester une grande partie de la population française pour le déconfinement, c'est impensable, je ne crois pas que ce soit possible dans l'immédiat », tempère Alain Calvo, selon lequel « des choix vont probablement être faits ».
Le contrat passé avec le ministère des Armées « inclut aussi le développement d'un second type de kit de détection directe du virus, dans la salive ou par échantillon nasal, et la sécurisation d'une filière de réactifs de base nationale », selon le ministère.
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