lundi, décembre 23, 2019

A TOUS LES CRÉTINS QUI ME TRAITE DE MACRONISTE

Étant d’une famille ouvrière très pauvre, j’ai 65 ans donc,  il faut se remettre dans le contexte des années où existait la véritable pauvreté, qu’il pouvait s’apparenter au quart monde, cela m’a donné une véritable force en étant lucide sur ma condition sociale, en sachant où était ma place et quel étaient les personnes à combattre pour exister dans la société. Cela semblait évident que ma place devait être à gauche et même maintenant  j'ai aucun doute là-dessus ça coule de source. J’ai toujours pensé que l’idéologie et toutes leurs idées me parlaient et la gauche m’a toujours convenu que le seul combat était la lutte pour vivre ou pour survivre.

Il est évident et cela tombe sous le sens que mon cœur, mon esprit, ma conscience politique, ont toujours penché à gauche. Élevé dans la tradition de gauche, on m’a inculqué un esprit critique, une conscience politique aiguisé, en ayant la lucidité de critiquer la gauche si cela ne me convenait pas et j’ai toujours fonctionné comme ça.

Je n’ai jamais été dans un parti pour ne pas être cadenassé et ni être prisonnière par un appareil politique. Le plus important à mes yeux et de savoir être d’accord ou ne pas l’être envers la gauche et avoir la liberté de la critiquer

J’ai toujours voté à gauche même à l’extrême gauche lorsque il y avait ARLETTE au premier tour, car je savais qu’elle ne monterait jamais au pouvoir. Au fur et à mesure des années, la gauche a été en dessous de tout.

Le dernier choc a été hollande car j’avais voté au 2e tour pour ce gros tocard et que ce pitre ou ce clown ait trahi la gauche a ce point et hallucinant, il a fait pire que les autres, le début de la trahison a commencé par se traite de Mitterrand qui a trahi la gauche et on a fermé notre gueule parce que c’était la soi-disant gauche, en continuant par Jospin et tous les autres qui ont suivi.

Avec cette merdasse d’hollande, le pays c’est enfoncé encore plus dans la crise, par son manque d’autorité, par sa lâcheté, par peur, pour avoir la paix sociale et ce comportement de mollasson, il a enfoncé un peu plus le pays dans un foutoir pas possible, il a baissé son pantalon pour tout et pour pas grand choses, il n’a pas été à la hauteur de son mandat par son absence de couilles il a créé une bête de la pire espèce je parle des gilets jaunes. Mais la droite par le passé a préparé le terrain. Comme je l’ai exprimé dans mes 2 derniers billets, tous n’ont pas été à la hauteur de la France et de leur mandat.

Avec le recul l’idéologie de la soi-disant gauche a ruiné la France, la gauche avec le recul a été médiocre dans tous les sens du terme

Mon dernier espoir avait été Merluche, je me suis fait avoir. J'ai regretté de toutes mes forces ce bulletin de vote que j’avais déposé dans l’urne au soir du premier tour, il m’a pas fallu longtemps pour penser que j’avais fait une connerie, son comportement m’a choqué et son discours au soir du premier tour a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et j’ai été conforté dans sa saloperie lorsque il s’est mis à crier, mon corps est sacré et je suis la république,  alors là j’en ai pas cru mes oreilles.

Pourtant, j’y avais cru, car son discours m’avait interpellé et sa façon de parler en vrai tribun m'avait fait réfléchir, mais je me suis laissé avoir comme une bleue, mais avant le premier tour, je me posais déjà des questions sur ce bonhomme. Mais au soir de 2e tour, je n’ai plus eu aucun doute par sa folie, sa paranoïa et par son ego surdimensionné, j’ai découvert au fur et a mesuré un vrai trotskiste dans le mauvais sens du terme sa haine de la démocratie, le pouvoir par tous les moyens, même par le sang et surtout renverser la république et la démocratie pour arriver à ses fins, le pouvoir absolu, un véritable fou furieux et de surcroît un véritable fasciste.

Tout ce préambule pour dire qu’avec cet esprit critique qui m’a été inculqué, je me fais traiter de macroniste, par des fascistes, des crétins, des incultes, des gens de droite et des gens de gauche, des débiles mentaux et des décérébrés. En étant de gauche, c’est le comble. Car ces gens-là n’acceptent pas et ne supportent pas que l’on ne critique pas, avec outrance mépris et vulgarité le président de la République Monsieur Macron, jusqu’à preuve du contraire, c’est le président de tous les Français à ce que je sache, donc on lui doit le respect, c’est comme cela que l’on m’a éduqué, désolé pour les crétins et les ignares qu’ils ne comprennent pas mon fonctionnement. Lorsque on n’est pas d’accord avec eux, on représente le diable et l’on se fait traiter de tous les noms d’oiseaux, ont nous harcelés, ont nous signalés, et il y a une cohorte de jobards qui se font plaisir à nous insulter, mais comme personnellement je ne suis pas jésus je ne tends pas la joue gauche, je ne me laisse pas faire et je réplique, ça, ils ne le supportent pas, ils deviennent fous, et bien plus encore, la France est devenue un pays de crétins, ce n'est pas héréditaire la crétinerie, mais cela se propage à une vitesse grand V, car si l’on n’est pas d’accord avec certaines personnes on est forcément des salopards de macroniste plein aux as, privilégier, des nantis des gens du 4/40.

L’on s’aperçoit en fin de compte, que sur les réseaux sociaux ces personnages qui nous traitent de macroniste sont de véritable fasciste, des imbéciles, des crétins, des incultes et surtout, ils ont un esprit fermé, restreint sans recul, aucun sens critique avec un cerveau de merde en croyant détenir la vérité, ce sont les culs serrés les bien passants, les moralisateurs de mes deux. Tout cela pour dire que sur les réseaux sociaux si l’on n’est pas d’accord avec le discours ambiant, on est des macroniste.

Toute cette chienlit est relayée par les télés infos de merde qu’ils croient avoir le pouvoir, ils n’ont ni le pouvoir, ni l’intelligence, ni les idées. Sur les réseaux sociaux se sont le 2.0 facho, des extrémistes de droite et de gauche, de la gauche en général et ce qu’il en reste et de la droite en particulier, en n’étant pas d’accord avec ces détritus, on se fait traiter de macroniste de merde. on s’aperçoit que la France est un désert intellectuel, philosophiquement vide, c’est le vide sidéral, où sont passé nos intellectuels responsables, nos philosophes sachant débattre intelligemment, nous avons créés des monstres, des crétins, des imbéciles, c’est la Nouvelle-France, la France des extrêmes des incultes, des gilets jaunes.

Tout ce beau monde leur seul credo est la haine du président, ils en sont aveuglés. Mais incapable de comprendre que ce n’ai pas le nouveau Président qui est la cause de ce fiasco, mais l’ensemble de tous ces politicards de merde qui se sont succédé, ils ont été lâches, ils ont détruit les acquis et mené à la ruine la France.

Mais ces crétins avant tout, ils se sont réveillés un jour de 2017 en s’apercevant qu’on les avait pris pour des cons. Et oui, 50 ans de pouvoirs par la droite et la gauche ont détruit la France, ces crétins n'arrivent pas à comprendre que c’est la faute de ceux qui nous ont gouverné pendant 50 ans qui sont la cause de ce fiasco.

https://anniefranzini.blogspot.com/2019/11/ces-politicards-qui-non-pas-ete-la.html

 https://anniefranzini.blogspot.com/2019/11/voila-ou-en-est-la-france-apres-50-ans.html

Comme je dis vulgairement 50 ans d’enculerie de la droite et de la gauche ont amené la France devant un précipice, et quand tous ces crétins se sont réveillés un jour de 2017 ils se sont jetés comme des hyènes sur le nouveau président, mais voilà, s’ils ont le cul en choux fleurs, car ces enfoirés de politicard leur ont mis bien profond, que leur cul leur font horriblement mal, c’est en partie leur fautes, mais il ne faut pas s’en prendre au nouveau président, il faut s’en prendre à ces politicards qui nous ont gouvernés pendant 50 ans ; mais les crétins ne savent pas penser ni réfléchir de plus ils sont tous lâchent, car ne veulent pas admettre qu’ils se sont fait enculer pendant 50 ans en ferment leur gueule avec leur consentement, mais accepté l’inacceptable c'est impossible, c’est une forme de déni c’est plus facile de s’en prendre au nouveau qui de surcroît est jeune, que de comprendre et d’accepter que ce sont tous ces politicards qui nous ont menés à la catastrophe, mais allez faire comprendre à des crétins, impossible, donc il faut les laisser dans leur monde de crétin

lundi, décembre 09, 2019

Jean-Michel Delacomptée: «Sans accès à la grande littérature, l’horizon des jeunes gens se rétrécit»


https://www.lefigaro.fr/vox/culture/jean-michel-delacomptee-sans-acces-a-la-grande-litterature-l-horizon-des-jeunes-gens-se-retrecit-20191206

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Réputé pour ses remarquables portraits littéraires de grands esprits et de personnages historiques, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée explique son art. Il confie ses inquiétudes sur la transmission de la littérature classique à la jeunesse, mais aussi ses espoirs.
Jean-Michel Delacomptée. Photo Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Jean-Michel Delacomptée. Photo Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro Le Figaro

Agrégé de lettres et universitaire, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée est un auteur renommé pour ses nombreux portraits littéraires - Montaigne, Racine, Bossuet, Saint-Simon, notamment- souvent parus dans la prestigieuse collection «L’Un et l’autre» de J.-B. Pontalis chez Gallimard.
Egalement romancier et essayiste, il a en particulier donné au public «Notre langue française» (Fayard, 2018), distingué par le Grand prix Hervé Deluen de l’Académie française.
Jean-Michel Delacomptée publie La Bruyère, portrait de nous-mêmes(Robert Laffont, coll. Les Passe-Murailles, 2019, 216 p., 18€), salué par la critique.

FIGAROVOX.- Si vous avez publié des essais et des romans remarqués, vous êtes d’abord connu comme auteur de portraits littéraires de grands esprits -Montaigne, La Boétie, Racine, Bossuet, La Bruyère, Saint-Simon - et de personnages historiques qui furent leurs contemporains: Ambroise Paré, François II, Henriette d’Angleterre et la confidente d’Anne d’Autriche, Madame de Motteville. D’où vient votre prédilection pour les XVIe et XVIIe siècle?
Jean-Michel DELACOMPTÉE.- La langue du XVIe et du XVII siècles possède un charme puissant. C’est une langue neuve, riche d’une énergie juvénile, nourrie de la rigueur du latin, et imprégnée d’une grandeur royale. Il suffit de penser au tranchant de la prose de Pascal ou des vers de Racine pour en saisir la force, la sobre éloquence, pour mesurer l’intensité à laquelle s’élève cette langue musclée, sans concession, sans bavardage. L’art des formules, des aphorismes, de l’éclat, est porté à un très haut degré au Grand Siècle.
La prédilection pour l’âge classique que vous évoquez vient de ma lecture approfondie de La Princesse de Clèves, réalisée dans le cadre d’une thèse qui avait pour sujet la jalousie amoureuse dans la littérature française. Auparavant, la lecture familière de Montaigne m’avait familiarisé avec la littérature du XVIè siècle, ce qui incluait naturellement Rabelais, La Boétie, Brantôme, D’Aubigné et les poètes de la Renaissance. Je tiens à rappeler qu’on étudiait ces auteurs au lycée. Plus tard, je me suis passionné pour le genre des Mémoires, en particulier ceux de l’âge classique.
Pour autant, mes centres d’intérêt ne se limitent pas à ces deux siècles, tant s’en faut. Saint-Simon, auquel j’ai consacré un portrait, est un auteur du XVIIIe (il est mort en 1745). J’ai écrit des articles sur bien d’autres sujets, notamment sur Proust, sans même m’arrêter sur un portrait plus personnel, Écrire pour quelqu’un (Gallimard, coll. L’Un et l’autre, 2014, NDLR), hommage à la figure du père qui, tout en se rapportant à ma propre vie, la déborde largement, parce qu’écrire sur soi et sa vie n’a de sens, à mes yeux, que si l’on sort de soi. Bref, je ne suis et ne me veux spécialiste de rien, ni d’une époque, ni d’un seul thème, ni même d’une seule forme d’écriture.
Le genre du portrait littéraire n’est pas une biographie, pas un essai non plus. Comment le définir?
Le portrait, genre peu pratiqué en tant que tel, se trouve au cœur de l’art du roman. C’en est comme la quintessence. Le portrait est, par exemple, au cœur de La Comédie humaine, de La Recherche du temps perdu, des Mémoires en général, et, finalement, de toutes les œuvres d’envergure, à commencer par Les Caractères de La Bruyère. Mais il a bien d’autres caractéristiques. Il n’ambitionne pas l’exhaustivité de la biographie, ne cherche pas à épouser la linéarité d’une vie.
L’exigence stylistique se révèle primordiale dans l’art du portrait. Rien de l’effort, rien de l’huile de coude ne doit apparaître.
Il relève de l’essai par la subjectivité qu’il assume, mais sa démonstration valorise une approche sensible plutôt que conceptuelle ou théorique. Le portrait incarne. C’est un procédé d’insistance sur certains traits, certaines lignes de force qui concentrent la vérité d’un être pour en faire un destin, et d’une époque pour en extraire les caractéristiques. Quant à la nature littéraire du portrait, elle tient à la manière d’aborder ce dont il traite. À la différence de la biographie, l’exigence stylistique se révèle primordiale dans l’art du portrait. Dans cette exigence, qui est celle de l’écrivain par opposition à «l’écrivant» dont parle Roland Barthes, chaque phrase, chaque mot s’imposent par une nécessité interne. Dans le portrait, qui peut remplir aussi bien une page que deux cents, le rôle de la composition est également essentiel. Pour rendre compte de la singularité d’un être, la composition doit d’être singulière. Il faut donc la construire. De là surgit l’unicité d’une vie élevée au rang de destin. En outre, il existe un lien étroit entre l’art du portrait et la peinture. Au fond, le portrait littéraire, c’est un art de peindre avec les mots. Le portraitiste recherche la justesse du trait.
Ce n’est pas tout. L’art du portrait introduit une tension de nature romanesque dans la narration qu’il mène. Ce point m’importe à l’extrême. Un portrait s’apparente à un récit, avec le rythme que ce terme implique. Par là-dessus, il est évidemment indispensable de s’imprégner d’une époque pour en faire revivre l’esprit. Ressusciter des individus oblige à reconstituer leur sensibilité et le contexte historique dans lequel ils ont vécu. Par conséquent, un portrait littéraire - mais tout portrait digne de ce nom est littéraire - nécessite un vaste effort de style et d’information, avec cette condition sine qua non qu’il ne faut laisser subsister aucune trace du travail entrepris. Rien de l’effort, rien de l’huile de coude ne doit apparaître. En cela résident, idéalement, l’art et le défi.
Vous avez consacré une étude remarquable à La Princesse de Clèves (Passions. La Princesse de Clèves, Arléa Poche, 2015), oeuvre qui a tant fait souffrir Nicolas Sarkozy au lycée. Pourquoi cette lecture exigeante est-elle encore profitable à un jeune homme ou à une jeune fille d’aujourd’hui?
Le personnage de la princesse de Clèves, qui confère son nom au roman, est un modèle humain qui devrait inciter les jeunes gens du XXIe siècle à réfléchir sur eux-mêmes. N’oublions pas que l’héroïne, lorsqu’elle arrive à la cour d’Henri II, se trouve dans sa seizième année. Elle a donc quinze ans, et, nonobstant la précocité plus grande à l’époque qu’aujourd’hui, c’est une adolescente.
Un jeune de 2019 peut s’identifier à elle, du moins essayer, d’où l’intérêt d’étudier ce roman au lycée. Ajoutons que la peinture de l’amour par Madame de Lafayette, l’énigme du renoncement au bonheur que raconte le roman, la société de cour qu’il décrit, procurent au lecteur contemporain un magnifique éloignement dans le temps. En fait, quel que soit l’âge du lecteur, le miracle de ce roman qui a traversé les siècles tient à ce qu’il offre matière à s’interroger sur soi-même. Tel est d’ailleurs le miracle de toutes les grandes œuvres.
Il y a, dans La Princesse de Clèves, une description des rapports entre les hommes et les femmes qui mérite qu’on s’y plonge.
Il y a ainsi, de façon exemplaire, dans La Princesse de Clèves une description des rapports entre les hommes et les femmes qui mérite qu’on s’y plonge. Ce roman renferme une inépuisable évocation des passions - passion amoureuse, passion du pouvoir, passion de l’absolu. À rebours de l’interprétation habituelle qui fait de Madame de Lafayette une féministe pour qui les femmes sont toujours des victimes et les hommes des coureurs de jupon, son roman peint des femmes dominantes, marquées par le goût du pouvoir, et présente des hommes sentimentaux, subjugués, et, en quelque sorte, surnuméraires. Saisi dans les replis du texte, le féminisme de Mme de La Fayette offre de riches aperçus sur le néoféminisme d’aujourd’hui.
Les bacheliers de 2019, juge-t-on souvent, ont une connaissance moindre de ces auteurs classiques que leurs prédécesseurs voilà cinquante ans, faute de les avoir autant étudiés en classe. Quelles en sont les conséquences pour ces adolescents?
Imaginez que Notre-Dame de Paris soit rasée. Délaisser complètement la littérature classique constituerait une catastrophe de même nature. Un continent linguistique s’éloigne de la jeunesse actuelle, avec le risque qu’il disparaisse corps et biens.
Toutes les racines de la langue française, son corps même, viennent de la littérature de l’âge classique. Ne plus fréquenter celle-ci entraîne la méconnaissance foncière de notre langue.
La conséquence en est très concrète: l’horizon des jeunes gens se rétrécit. La modernité se caractérise par une spécialisation croissante des métiers et des savoirs. Cette dissociation croissante, cette déliaison continue, obscurcit le rapport au monde, dont le sens ne cesse de s’effacer. Les seuls instruments de liaison, ce sont la culture générale et la maîtrise de la langue. Toutes les racines de la langue française, son corps même, viennent de la littérature de l’âge classique. Ne plus fréquenter celle-ci entraîne la méconnaissance foncière de notre langue. Et la déperdition de la langue entraîne celle de la pensée. C’est en cela que l’enseignement des lettres relève profondément de la politique, et qu’il est urgent de s’interroger sur les méthodes qu’il promeut.
L’enseignement de la littérature s’est transformé en une sorte d’entreprise de vivisection des textes, déplorez-vous. Mais n’est-il pas naturel de les décortiquer pour les comprendre?
Comparé à l’enseignement de la littérature que l’on recevait au lycée encore dans les années Soixante, la rupture est à peu près totale. Désormais, le professeur de français est invité à se transformer en médecin légiste. Le texte littéraire fait figure de cadavre qu’on dissèque. Jadis, au lycée, les grands textes étudiés étaient plus nombreux, et le professeur analysait les mots, le rythme, la composition pour comprendre et justifier les choix de l’écrivain. Un sentiment de respect et d’admiration pour la puissance évocatoire des œuvres allait de soi. Dorénavant, un langage techniciste est de rigueur pour appréhender les textes, qu’on soumet à des catégories thématiques. L’œuvre est devenue la servante de préoccupations qui lui sont extérieures.
On s’acharne sur le squelette au mépris de la chair. En vertu de cette logique, étudier une page de Chateaubriand ou un texte publicitaire obéit aux mêmes règles.
On s’acharne sur le squelette, en quelque sorte, au mépris de la chair. En vertu de cette logique, étudier une page de Chateaubriand ou un texte publicitaire obéit aux mêmes règles.
Ce changement calamiteux s’explique par le sentiment d’infériorité qu’éprouvent, depuis la fin des années Soixante, les spécialistes des Lettres envers les sciences «dures». Ils ont cherché à les imiter. Dans toutes les disciplines, du reste, l’idéal d’un savoir scientifique et technique prévaut aujourd’hui. Or sans culture générale fédératrice - et c’était précisément le dessein de l’humanisme à la Renaissance -, le risque est grand de voir les connaissances réduites au statut de fragments orphelins d’une signification d’ensemble.
Sommes-nous vraiment moins amoureux de la langue française que les générations qui nous ont précédés? Notre lien avec elle s’est-il distendu?
Le phénomène le plus douloureux est l’invasion du globish, cette façon insupportable de singer l’anglo-américain. En outre, l’anglomanie d’une partie importante des élites françaises semble répondre au désir de se valoriser de façon paresseuse.
Le règne de la publicité favorise un rapport de persuasion sophistique sur l’effort d’argumentation et de démonstration.
On a affaire ici à un snobisme ravageur, et à un exemple frappant de servitude volontaire. Plus grave encore, je crois, nous voilà pris dans la nasse de la communication triomphante. L’artifice qui en découle, propre à sa fonction illusionniste et mensongère, affaiblit la substance de notre langage. Celui-ci se délite. Flottante, insincère, notre langue est de moins en moins tenue. De surcroît, dans le domaine politique, le flou et la fadeur des termes employés ont pour intérêt de n’exclure, de ne discriminer personne, au détriment de la clarté, de la vigueur, de tout ce qui permet de discerner la vérité du factice, de les distinguer, de les discriminer, au sens strict du verbe «discriminer». Il est frappant de constater combien le règne de la publicité favorise un rapport de persuasion sophistique sur l’effort d’argumentation et de démonstration. Tout cela concourt à ce que notre langue s’affaiblisse en tant qu’instrument indispensable à l’éclaircissement des pensées et des actes.
En face de ces nombreux motifs d’inquiétude, n’existe-t-il pas des raisons d’espérer?
Abuser des prédictions de Cassandre nuit à la santé. Ne perdons pas confiance.
La littérature d’exigence, l’amour de la langue et, souterrainement, la poésie, vivent toujours.
La littérature d’exigence, l’amour de la langue et, souterrainement, la poésie, vivent toujours. Les jeunes talents fourmillent, même s’ils ne sont pas nécessairement reconnus. L’art oratoire n’a pas disparu des prétoires. La chanson à texte reste vivace. Dans le domaine de l’éducation nationale, même s’il ne faut pas se leurrer sur leur portée, les efforts du ministre Blanquer sont soutenus par l’opinion publique, consciente de l’effondrement de l’orthographe et de la syntaxe, dont les réseaux sociaux offrent le spectacle déplorable. Cependant, ne nous y trompons pas. Les forces qui poussent en sens contraire sont si puissantes qu’un sursaut, pour être effectif, réclame une volonté tenace.