Culotté, le pape...
Publié par sportnoy le 30 Decembre, 2014 - 15:41
A la lecture des extraits du discours du pape
François tenus devant le Parlement européen, et retenus dans Le Monde du
27 novembre 20014, « mon sang n’a fait qu’un tour », comme dit Madame
Michu.
Parlant comme il le fait, le pape semble prendre
sous son bonnet toutes les avancées républicaines et démocratiques
auxquelles l’Eglise s’est systématiquement opposée au fil des siècles.
L’Europe, celle des droits de l’homme et de la personne, les pouvoirs
religieux ont tout fait pour l’empêcher de naître. Comme le dit sans
vergogne le curé, dans le film de Ken Loach Jimmy’s hall, il veut bien parler à tout homme à condition qu’il soit à genoux et non debout.
Le discours du pape semble inspiré par l’humanisme
républicain ; il est très beau, très juste souvent dans l’analyse faite
de notre époque et des comportements humains ; mais il dérape en deux
points, laissant apparaître la vieille domination du pouvoir religieux
privant l’homme de sa liberté et de sa dignité. Ce pouvoir s’exerce
toujours par procuration en utilisant la figure de Dieu détenteur de
toute-puissance. A mon sens, déposer la transcendance dans les mains de
Dieu, comme il le fait en ces termes « cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimé dans l’univers créé », revient à en priver l’humain. Même chose plus loin : «…où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu… ».
Laïques, républicains et démocrates, nous
n’avons pas besoin de la transcendance telle qu’elle est conçue par le
pape. Il existe une transcendance à hauteur d’homme et de femme ; elle
est, dès que la personne parvient à s’élever au mieux de ses
potentialités évoluées en dépassant son égoïsme et son omnipotence par
souci de justice et de respect. Et lorsque le pape ajoute : « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence », il
importe de rappeler le sens du mot glorifier et quelques-uns de ses
synonymes : louanger, adorer, auréoler, bénir, célébrer, déifier,
diviniser, etc.Si je me mets dans une telle posture d’admiration face à
une entité nommée dieu, je me soumets à une figure idéalisée, et je
favorise ce faisant les rapports dominant-dominé et non ceux de
mutualité, de justice et de respect qui déjouent la violence.
En tant que laïque, je peux m’incliner devant le
mystère de la création ; mettre à la place de ce mystère un dieu à
vénérer, m’assujettie potentiellement, me met à genoux, pas debout.
Alors quand le pape dit vouloir l’homme libre de cette façon-là, je ne
veux pas de cette fausse liberté-là qu’il veut bien m’accorder.
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