RÉENCHANTÉ LE MONDE LE TITRE DU LIVRE DU PHILOSOPHE BERNARD STIEGLER ME VA A MERVEILLE
mardi, février 03, 2015
jeudi, janvier 29, 2015
Culotté, le pape... | Ars Industrialis
Culotté, le pape... | Ars Industrialis
Culotté, le pape...
Publié par sportnoy le 30 Decembre, 2014 - 15:41
A la lecture des extraits du discours du pape
François tenus devant le Parlement européen, et retenus dans Le Monde du
27 novembre 20014, « mon sang n’a fait qu’un tour », comme dit Madame
Michu.
Parlant comme il le fait, le pape semble prendre
sous son bonnet toutes les avancées républicaines et démocratiques
auxquelles l’Eglise s’est systématiquement opposée au fil des siècles.
L’Europe, celle des droits de l’homme et de la personne, les pouvoirs
religieux ont tout fait pour l’empêcher de naître. Comme le dit sans
vergogne le curé, dans le film de Ken Loach Jimmy’s hall, il veut bien parler à tout homme à condition qu’il soit à genoux et non debout.
Le discours du pape semble inspiré par l’humanisme
républicain ; il est très beau, très juste souvent dans l’analyse faite
de notre époque et des comportements humains ; mais il dérape en deux
points, laissant apparaître la vieille domination du pouvoir religieux
privant l’homme de sa liberté et de sa dignité. Ce pouvoir s’exerce
toujours par procuration en utilisant la figure de Dieu détenteur de
toute-puissance. A mon sens, déposer la transcendance dans les mains de
Dieu, comme il le fait en ces termes « cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimé dans l’univers créé », revient à en priver l’humain. Même chose plus loin : «…où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu… ».
Laïques, républicains et démocrates, nous
n’avons pas besoin de la transcendance telle qu’elle est conçue par le
pape. Il existe une transcendance à hauteur d’homme et de femme ; elle
est, dès que la personne parvient à s’élever au mieux de ses
potentialités évoluées en dépassant son égoïsme et son omnipotence par
souci de justice et de respect. Et lorsque le pape ajoute : « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence », il
importe de rappeler le sens du mot glorifier et quelques-uns de ses
synonymes : louanger, adorer, auréoler, bénir, célébrer, déifier,
diviniser, etc.Si je me mets dans une telle posture d’admiration face à
une entité nommée dieu, je me soumets à une figure idéalisée, et je
favorise ce faisant les rapports dominant-dominé et non ceux de
mutualité, de justice et de respect qui déjouent la violence.
En tant que laïque, je peux m’incliner devant le
mystère de la création ; mettre à la place de ce mystère un dieu à
vénérer, m’assujettie potentiellement, me met à genoux, pas debout.
Alors quand le pape dit vouloir l’homme libre de cette façon-là, je ne
veux pas de cette fausse liberté-là qu’il veut bien m’accorder.
Le 11 janvier 2015 | Ars Industrialis
Le 11 janvier 2015 | Ars Industrialis
Le 11 janvier 2015
Publié par sportnoy le 21 Janvier, 2015 - 19:18
A chaud, que dire des djihadistes européens dont beaucoup semblent avoir le profil des trois assassins
A chaud, que dire des djihadistes européens dont beaucoup semblent avoir le profil des trois assassins
A l’abandon et sans éducation solide sur le
plan familial, en échec scolaire, avec une vitalité de jeune qui
voudrait se réaliser mais pour qui tous les chemins sont fermés en vertu
de ce passé et d’une société gangrénée par le chômage de masse, il leur
reste la délinquance, le banditisme et aujourd’hui l’extrémisme se
réclamant de la religion musulmane. Leur rage est à la mesure de leur
impuissance. Enfants de sans-vrais-parents, ils deviennent des grands
uniquement sur le plan physique. Démunis, parce qu’acculturés, ils
veulent détruire la culture, la démocratie, la liberté, la civilisation,
etc., tout ce dont ils se sentent privés. Ils se vengent des blessures
de la vie, utilisant la toute-puissance attribuée à dieu pour soumettre
tout venant en leur pouvoir violent de petits dieu-tyrans. Ils sont les
héros sombres et négatifs d’un nouvel obscurantisme. Ces paumés de la
vie contemporaine ont recours à la violence, à l’intolérance et à la
destruction pour exister de façon narcissique et omnipotente dans un
monde où ils n’ont pas le sentiment d’exister.
La société, via l’école ou tout autre
assistance, ne peut pas rattraper les choses si les parents au plus
profond ont été incapables de faire l’essentiel du travail d’éducation.
Cessons donc de répéter que ces hommes sont les enfants de la République.
Il sont d’abord les enfants de parents démissionnaires et, s’ils
détruisent la mère patrie, c’est peut-être parce qu’elle est dans
l’impossibilité de leur offrir ce qu’une véritable mère et un véritable
père auraient dû leur donner bébé et tout au long de leur enfance. La
société ne peut pas pallier à tous les manques, compenser tout, réparer
tout.
Pour expliquer la vague d’enrôlement pour le djihad, Olivier Roy dit que ces jeunes seraient pris dans « un mouvement générationnel » marqué par une forme de nihilisme « Dans
les messages que certains laissent, ils disent : « J’avais une vie
vide, sans but. » La vie telle qu’ils l’appréhendent dans leur famille
« ne vaut pas d’être vécue ». Ma génération choisissait l’extrême
gauche, eux le djihad, car c’est ce qu’il y a sur le marché. » Plutôt
que de sentir « rien », ils choisissent de s’enivrer du « tout » que
leur donne leur toute-puissance armée sur des terrain des combats de par
le monde où ils font leur loi terroriste sous couvert d’appliquer la charia.
Ils décrètent qu’ils sont les seuls à avoir raison, à détenir la
vérité sur l’Islam, a être les vrais musulmans, tous ceux qui ne les
suivent pas en leur obéissant aveuglement étant des apostats. Celui qui
n’est pas avec MOA, d’accord avec MOA, soumis à MA volonté doit être
coupé en morceaux et éliminé, telle est leur logique omnipotente.
Lorsqu’ils ne sont pas en pays musulman, ils font des incursions
assassinent tâchant de tuer un maximum de citoyens plus ou moins
ciblés, comme à Paris en ce début janvier ; autre façon là encore de
s’éprouver tout-puissant en faisant sa vedette sanguinaire et en vivant
une journée de gloire médiatique suicidaire. Ian Buruma, professeur
d’idées politiques et de journalisme au Bard College (New York) le monde
du13 janvier dit :« Ce sont des paumés pathétiques, qui auraient
troqué leurs rêves adolescents de filles, de football et d’argent facile
pour la guerre sainte. C’est apparemment le profil d’un grand nombre de
djihadistes européens. Et ils sont loin d’être les premiers adolescents
vulnérables à épouser une cause révolutionnaire qui leur donne un
sentiment de pouvoir et d’appartenance ». Et Samir Amghar, chercheur à l’université du Québec à Chicoutini dit aussi,dans ce même journal : « On rejoint moins la
Syrie pour combattre Assad que pour montrer qu’on est capable de
partir. C’est une posture. Ces jeunes sont le produit d’une société
occidentale où l’image est centrale et où il est difficile de vivre dans
l’anonymat. » Mais ces jeunes tueurs d’aujourd’hui ne sont plus
des adolescents mais des hommes ayant passé la trentaine, et leur esprit
n’a pas grandi avec les ans.
Face à ce drame collectif que nous venons de
vivre, la France s’est redressée dans toute sa dignité républicaine.
Cette mobilisation citoyenne extraordinaire contre la haine, pour la
paix et la fraternité, est-elle le signe d’une page qui va se tourner :
la page de la grossièreté faite de polémiques à courte vue, de
récriminations et de dénigrement infantiles permanents, la page de nos
comportements primaires arrogants et mesquins que nous avons trop
laissés nous gouverner sans vergogne depuis des années? Ce jour du 11
janvier fera-t-il butée durable à la médiocrité arrogante consistant à
mépriser d’abord, à annoncer le pire, à se gargariser de la méchanceté
vulgaire sans souci de justice et de respect ? Fera-t-il basculer le
tableau vers un changement durable des mentalités, nos valeurs
démocratiques passant au premier plan, nos guerres d’ego des plus
nocives pour ces valeurs étant déjouées par nos soins ? Ce 11 janvier
marque-t-il l’ouverture d’une nouvelle ère, d’un nouveau pan de
l’histoire humaine en chemin d’évolution vers davantage de maturité
responsable? Ou est-ce encore une énième illusion de progrès
civilisationnel, fruit de l’émotion collective d’un moment, d’une fête
fusionnelle éphémère ?
Les conflits sont inhérents à la vie : ils sont
à régler par un travail permanent de tolérance aux différences, quand
bien même ces différences et ces différends dérangent nos préjugés, nos
certitudes, quand bien même ils nous heurtent, nous choquent, nous
mettent en colère. Tous nous avons eu, nous avons, et nous aurons à
contenir des colères, à les dépasser par l’intelligence et le dialogue
démocratique et républicain, au lieu de les décharger de façon
destructrice. Telle est le devoir auquel nous convie la démocratie.
C’est grâce à ce travail que l’on ne s’entre-tue pas. Il faut apprendre à
n’être pas d’accord sans haine.
Dire que ces jeunes tueurs abrutis ont la rage
parce qu’ils seraient des victimes n’est pas un argument susceptible
d’excuser leurs comportements criminels. Comme l’a dit notre Premier
Ministre avec beaucoup de justesse, cela peut expliquer en partie leurs
actes destructeurs, en aucun cas les excuser. Chacun doit porter sa part
de responsabilité s’il veut tenir sa place dans la société. La
victimisation ça suffit ! N’importe qui, régulièrement, se sent victime
d’injustice, d’irrespect, voire de mépris : cela fait partie de la vie ;
ce n’est pas un scandale méritant que l’on sème la terreur.
Avoir du mal à frayer son chemin, à se
réaliser, manquer de reconnaissance, être le plus souvent seul à
affronter ses problèmes, accepter d’être un citoyen comme un autre sans
être un élu des médias et des caméras, tel est le lot de la plupart des
gens lesquels, suffisamment conscients des difficultés liées à la
condition humaine et fort de leur humilité, s’efforcent de jouer leur
petite partition de l’existence dans l’anonymat, sans haine.
Reste que, tous ensemble, pour mieux assumer
cette difficile condition humaine, nous devons nous créer un horizon
d’espérance et d’intelligence fraternelle. C’est ce qui nous manque le
plus cruellement. C’est ce qui fut fait en ce 11 janvier. Ne fléchissons
plus ! Gardons cet état d’esprit dans le temps, et les changements
heureux se feront pas à pas.
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