mardi, octobre 15, 2019

LETTRE OUVERTE A TWITTER


Lettre ouverte à Twitter

Cher Réseaux Twitter depuis le temps que je vous fréquente, je m’aperçois que vos algorithmes ne sont pas à la hauteur de vos espérances et de nos espérances, vous êtes en dessous de tout de plus ils sont obsolètes et ne servent à rien, car avec cette obsolescence de vos algorithmes, vous êtes devenu les complices des harceleurs qui règnent en maître sur le réseau. La preuve ils harcèlent, provoquent, excitent, poussent dans leur dernier retranchement les personnes, qui à la fin sont exaspéré et cela se retourne contre ces braves gens, vous êtes dans l’incapacité de détecter ces pervers, qui ont pour seule mission d’harceler le plus de monde possible de faire fermer le plus de compte et de se réjouir sur twitter d’être en capacité d’avoir fait supprimer ou de faire bloquer les dites personnes. Le comble de la perversité est : qu’ils se pavanent et se targuent avec arrogance d’être les meilleurs (et cela sur le réseau) pour faire fermer les comptes. Voilà ce qui en découle lorsque votre incompétence est égale à votre manque de professionnalisme, ils suffiraient de lire leur post et de voir que je suis dans le vrai, mais par manque d’investissement par laxisme et par votre laissé faire, vous faites prospérer le harcèlement psychologique, car vous n’avez pas investi dans les vrais outils pour détecter les vrais harceleurs (aucun investissement normal l’appât du gain est plus fort) je peux faire votre travail et certaines de ces personnes font la loi sur Twitter.

Ils le font de manière intelligente, se sont eux qui signalent et qui font supprimer les comptes des personnes qu’ils harcèlent avec délectation. En incitant les gens à leur répondre. Vous êtes aveugle, la preuve de votre incompétence à ne pas détecter les véritables harceleurs. Pourquoi ne pas se priver de harceler puisqu'ils ont la part belle, ils se sentent forts. Ils contournent facilement et sans vergogne votre règlement vieillot, dépassé, poussiéreux, suranné et obsolète. Il n’est pas à la hauteur des enjeux contre le harcèlement. Sans représailles de votre part, pourquoi se priver de harceler puisque en toute impunité, ils en font leurs métiers, leur passe-temps et leur sport favori, allons-y, la voie est libre pour harceler de plus belle. Tout cela par votre manque de professionnalisme, par votre manque d’ambition intellectuelle, par manque d’investissement pour plus de profit, votre lâcheté est égal à votre incompétence. Il serait temps de renouveler vos chercheurs de rafraîchir tout ce beau monde, et dans la foulé il serait aussi temps, de penser à un renouvellement par l’intelligence et l’éthique l’ensemble de votre entreprise, votre personnel n'est pas à la hauteur et vous les dirigent non plus, il serait temps de redynamiser et de renouveler tout ça, car vous avez embauché des chercheurs de seconde zone sans intelligences sans perspicacité, sans éthique, sans morale et sans sens critique car pour pondre des algorithmes aussi nul aussi dépassé et aussi obsolète est inadmissible vous êtes la risée de la toile, c’est le comble d’un réseau social .


PS: dans mon billet, je parle de certaines personnes, qui terrorisent et menacent les gens sur Twitter, beaucoup de personnes sont touchés, cela se compte par dizaines, et même plus. Ces gros crétins malades du bulbe, se croient le centre du monde, mais en fin de compte, ils sont des bennés et des imbéciles, mais ces imbéciles-là, emploi la manière forte, c'est du fascisme à l’état pur. ILS HARCÈLENT, ILS MENACENT. Voilà en pratique ce qu'ils font, donc aujourd'hui, fait, plus grave, ils m'ont menacé sur Twitter. Par ces menaces, ils veulent m'interdire de parler pour que je n'exprime pas mon opinion, sur leur comportement, c'est inacceptable. Ils veulent me faire TAIRE. Première étape, ils m'ont harcelée, puis sont passés aux menaces. Voilà leur fonctionnement. Étant donné que Twitter ne fait pas son travail convenablement et ne prenne pas les mesures adéquates je suis dans l'obligation d'afficher leur nom, car cela devient très grave et Twitter est impassible, à croire qu'ils sont couverts par le réseau.

Merci de m’avoir lu
et cela continu sans que Twitter réagisse 



voici le courrier que j'ai reçu ce matin donc je lance la procédure 





lundi, juin 10, 2019





Dominique Wolton. « Aujourd’hui, on tend le micro à n’importe qui ! »
Publié le 15 décembre 2018 à 06h15
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE MINARD (ALP)
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Dominique Wolton. « Aujourd’hui, on tend le micro à n’importe qui ! »
Directeur de recherches au CNRS et spécialiste des médias, Dominique Wolton déplore l’abandon d’une information réfléchie et maîtrisée au profit des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue.
Une majorité de Français estime que les chaînes d’info continue ont contribué à l’embrasement du pays. Partagez-vous ce ressenti ?
Ce qui est frappant, c’est que les médias comme la classe dirigeante n’ont rien dit de critique sur le mouvement. Ils nous ont assommés, durant des années, d’obligations, de modernité et d’arrogance et quand le peuple se révolte, tout le monde se tait… Les journalistes des chaînes d’information continue - il n’y a pas qu’eux - tendent leur micro sans beaucoup de sens critique, et les politiques attendent le dialogue. Ils n’ont pas écouté durant des dizaines d’années et maintenant, tout le monde passe son temps à écouter ! Les chaînes d’info continue et les réseaux sociaux dramatisent tout, sans contexte et sans mise en perspective. Or, on sait que plus on est proche de l’événement, plus on est tyrannisé par cet événement. C’est contradictoire avec le sens de l’information. Ce n’est donc plus de l’information mais du voyeurisme et de l’angoisse. Donc oui, cela accentue les problèmes. Les chaînes d’information et les réseaux sociaux sont devenus le couple maudit. L’enfer est pavé de bonnes intentions.


Les journalistes ne peuvent pas ignorer les réseaux sociaux ?
Depuis dix ans, on entend des journalistes vanter les réseaux sociaux en disant que c’est l’expression de la vérité. C’est faux ! L’expression n’est pas synonyme de la vérité. Ce n’est pas parce que les gens racontent leur vie sur internet que c’est la vérité. Et si tout le monde s’exprime, qui écoute ? À terme, en suivant ce raisonnement, on n’aura plus de journalistes, plus de professeurs et plus d’hommes politiques. Tous les intermédiaires deviennent suspects. Il suffira d’écouter les gens pour connaître la vérité. La démission des journalistes vis-à-vis des réseaux sociaux est accentuée par cette crise. Ils se transforment en passeur de plats. On ne peut plus vivre dans un espace public qui est régi par la tyrannie des sondages, des chaînes d’information et de l’expression des citoyens sur les réseaux sociaux.


Les chaînes d’info ont pourtant battu tous les records d’audience…
Les responsables de chaînes, qui se gargarisent de leur excellente audience grâce aux gilets jaunes, ont oublié une chose élémentaire : ce n’est pas parce qu’on est voyeur - et nous le sommes tous plus ou moins - qu’on adhère à ce que l’on voit. Si on veut sauver les médias, il faut qu’ils cessent cette course à l’audience et qu’ils arrêtent de valider le fait que toute bêtise dite sur les réseaux est géniale !


Peut-on parler de démagogie ?
La démagogie, c’est de croire que la société en directe est possible. Cette saturation de l’explication en direct donne l’impression que l’on ne supporte pas de vivre deux jours sans parler. Aujourd’hui, on tend le micro à n’importe qui, qui dit n’importe quoi dans la rue. Oui à l’expression à condition de ne pas la confondre avec l’information. Les journalistes se plaignent d’être menacés dans les manifs, mais cela vient du fait qu’ils ne mettent plus de distance entre les manifestants et eux. Il n’y a donc plus de recul et plus de respect. Et la colère ne justifie pas que l’on dise n’importe quoi d’une personne élue. Les médias sont capables de tout pour augmenter leur audience. Et pour meubler l’antenne des heures durant, chaque chaîne a sa pléthore de soi-disant spécialistes.


Mais vos collègues chercheurs ne sont pas les derniers à y participer…
Ils se « pipolisent ! ». J’estime que l’on doit pouvoir refuser de faire des émissions où l’on se retrouve à quatre ou cinq sur un plateau avec chacun trois minutes de parole. On ne peut rien dire ! Quand on est chercheur, il faut bien sûr aller débattre de temps en temps, mais pas tout le temps. Sur les chaînes d’info, les journalistes pensent devenir des intellectuels, et les intellectuels de journalistes. Or il ne s’agit pas seulement de s’exprimer et d’être vu par une caméra pour échanger des idées. Même des intellectuels chercheurs sont gagnés par la sensation qu’il est important d’être vu à la télé. Oui, à condition d’avoir autre chose à dire qu’un commentaire que le journaliste peut très bien faire. Je revendique personnellement le droit de ne pas savoir, de ne pas tout comprendre dans l’instant et donc de ne pas avoir d’explication immédiate à proposer, avec une hyperprésence médiatique.


Y a-t-il une distorsion entre médias et réalité ?
L’événement n’est pas l’information. Le journaliste doit prendre du temps pour choisir et réfléchir au sujet qu’il va traiter. C’est ce travail entre l’événement et la production de l’information qui fait la grandeur du métier. Pendant des siècles, on a voulu à juste titre réduire le temps entre l’événement et l’information, pour éviter le contrôle des pouvoirs politiques religieux ou militaires. Mais à l’extrême, comme aujourd’hui, il n’y a plus aucune distance, et c’est l’événement qui fait l’information. Et il ne faut pas perdre de vue que certains acteurs ont bien compris comment faire venir les médias sur un événement peu représentatif, comme par exemple l’attaque des boucheries par les vegans. Autre exemple grave : les médias ne couvrent pas l’Europe, au prétexte que cela n’intéresse pas les gens. Ce à quoi il faut répondre : l’information, ce n’est pas la demande mais l’offre, et il n’y a pas de demande parce qu’il n’y a pas d’offre… L’absence d’information régulière, abondante, contradictoire sur l’Europe est grave, parce que c’est la plus grande utopie politique, pacifique et démocratique de l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas seulement une question d’opinion ! Il y a une absence de réflexions des journalistes à l’heure de l’explosion de l’information qui est grave. S’ils ne comprennent pas ça, ils seront remplacés un jour par des « témoins » et des « journalistes citoyens ».


Journaliste, réseaux sociaux, qui influence qui ?
Les réseaux sociaux n’influencent pas l’opinion. Ils influencent ceux qui les suivent. Même s’il y en a deux millions, il ne faut jamais oublier que nous sommes plus de 60 millions ! La presse écrite est en difficulté, mais je suis persuadé qu’elle va repartir. Plus il y aura de vitesse, plus il y aura de saturation, plus il y aura une mondialisation d’images angoissantes, plus on aura besoin de lenteur. Nous aurons forcément un point de non-retour, par rapport à cette folie de la vitesse et du direct, un balancier, qui sera favorable à la presse écrite et au papier. La fascination pour les techniques est excessive et on a confondu performance technique et démocratie. Lorsque j’étais administrateur de France Télévision, je répétais sans cesse que les journaux du service public devraient donner au moins chaque jour trois informations positives. Il faut de l’amour, de la générosité et du militantisme pour donner de l’espoir aux gens. Nous avons plus que jamais besoin de cela.

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© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/france/dominique-wolton-aujourd-hui-on-tend-le-micro-a-n-importe-qui-15-12-2018-12161988.php#TF7eUE7F6uBxLqXc.99

mardi, mai 07, 2019


https://medium.com/@jeromegodefroy/gilets-jaunes-le-journalisme-en-perdition-16c994fadc53?fbclid=IwAR2VBCX5e1gVyDuvWosPNw_Vos4wtBdg57vTHqvg0_E3eps7Nh9HSTqSwwM

Gilets jaunes : le journalisme en perdition

Contemplez un instant cette tache jaune, échappée des ronds-points. Elle est tenace et poisseuse. Elle finit par déteindre et imprégner le journalisme, laissant des auréoles peu ragoûtantes.
L’épisode dit des “gilets jaunes” nous précipite, semaine après semaine, dans une dérive alarmante : celle de la manière fallacieuse dont nous sommes informés. Ou, plus exactement, dans la manière dont nous acceptons de l’être, selon la “loi du moindre effort” qui régit toute activité humaine.
Cette “loi du moindre effort” a été clairement identifiée depuis longtemps en linguistique pour décrire l’évolution des langues et des idiomes. Elle s’applique aussi largement à la façon dont nous nous informons. La tendance naturelle est d’aller vers la facilité, jamais vers la complexité.
Combien serez-vous à lire ce texte jusqu’à sa conclusion ? Le titre vous aura suffi et la lecture des premiers paragraphes contentera sûrement les plus persévérants. Votre zapping désinvolte ne serait pas choquant, il est humain.

Tout se ligue pour nous égarer.

 Le modèle économique des médias traditionnels est en bout de course. Avec quelques défauts connus (pressions politiques, contingences commerciales, par exemple), ces médias étaient ceux qui offraient le plus grand nombre de garanties, grâce aux moyens disponibles(temps, argent) pour collecter et diffuser l’information. Ces moyens se raréfient. La presse écrite est exsangue, à quelques exceptions près. Les radios nationales privées, jadis très puissantes en France, se recroquevillent sur un public vieillissant et déclinant. Europe 1 se noie, RTL s’encroûte. Seule la radio publique surnage auprès d’un public éduqué, avec un parti-pris parfois sidérant. Les grandes chaînes de télévision voient leurs programmes d’information délaissés par la plupart des moins de 60 ans. Les ressources publicitaires se tarissent. Le paysage médiatique français est chamboulé, comme celui de tous les pays occidentaux développés. Ce n’est pas une catastrophe. Un nouveau modèle se construit, parfois dans la douleur. Gutenberg avait aussi changé la vie des moines copistes…
— Internet et les réseaux sociaux occupent le terrain perdu par les “vieux médias”, les “mass médias” tels que les décrivait Marshall McLuhan dans les années 50. Facebook devient pour beaucoup de citoyens la source quasi-unique d’information, source viciée par un algorithme pervers. Twitter génère un bourdonnement continuel et superficiel. Le grand public est de moins en moins informé de manière collective. On assiste à un émiettement des audiences et des supports. Chacun peut s’informer avec frénésie, par goût personnel, sur quelques domaines de prédilection et ignore le reste, la “big picture”. Le tronc commun de l’information disparaît. On peut tout savoir, par exemple, sur le surf et le Tibet de manière instantanée. Mais on délaissera la situation en Syrie et les règles de base de la fiscalité ou du droit du travail, sujets sur lesquels on gobera tous les bobards. Les fake-news prospèrent toujours sur l’ignorance. La croyance supplante la connaissance. Plus la masse d’information disponible est considérable, plus le tri efficace et pertinent exige des outils intellectuels puissants et une formation adéquate. Ces compétences sont rares. Les crédules, facilement manipulables, sont devenus plus que jamais majoritaires.
 La technologie permet à chacun de devenir un média à lui tout seul. Les réseaux sociaux donnent l’illusion qu’on peut s’improviser “journaliste” en brandissant un smartphone ou une caméra GoPro. Le cas du vidéaste militant Gaspard Glanz est symptomatique de ce grave malentendu. Le jeune homme, plein d’énergie et en toute bonne foi, véhicule la propagande de l’ultra-gauche et des émeutiers depuis plusieurs années, de Notre-Dame des Landes aux “gilets jaunes” en passant par Sivens. Il n’a aucun recul sur les événements qu’il se contente de reproduire au travers d’un prisme idéologique. C’est un squatteur de l’info, entré par effraction. Il a suffi qu’il se fasse interpeller à cause d’un délit dans une manifestation récente pour que des pétitions s’accumulent en sa faveur, pétitions signées avec ardeur par des personnalités ou des organisations journalistiques peu scrupuleuses. Ces syndicats professionnels de presse, ces journalistes, s’avilissent en légitimant un militant, complice et propagandiste des mouvements factieux, qui bafoue les règles élémentaires du journalisme : confrontation des sources, diversité des points de vue, mise en perspective critique, contextualisation.
— Ajoutons à cela la responsabilité écrasante des chaînes de télévision d’information en continu. Elles existent sur un marché très encombré : quatre chaînes sur le même créneau en France ! Elles se disputent une audience très réduite et sont condamnées à la surenchère. La crise dite des “gilets jaunes” offre à ces chaînes une matière première idéale : périodicité hebdomadaire garantie, faible coût de production (c’est au coin de la rue), dramaturgie simpliste, casting de grandes gueules toujours disponibles pour vociférer, panel inépuisable de politiciens de seconde zone fournissant un buzz permanent. Pourquoi se priver d’une telle manne ? A l’exception notable de la chaîne “France-Info télé” (la moins suivie), ces stations (BFMTV, LCI et CNEWS) se sont vautrées avec une infinie complaisance dans une couverture sans limite ni discernement de cet épisode lancinant. Tous les critères de base du journalisme ont été balayés. Plus aucune hiérarchisation des faits. Chaque attroupement jaune bénéficie d’un effet de loupe. Tout ce qui brûle, même une poubelle, au milieu d’une escouade de gilets fluorescents, “ça fait de l’image, coco !”. Tant que la concurrence diffuse “live” ce feuilleton sans fin, aucune des chaînes d’info en continu ne se hasardera à passer à autre chose, c’est-à-dire accorder enfin la place qui devrait revenir aux autres aspects plus pertinents de l’actualité nationale et internationale.
— Dernier facteur de brouillage de l’information : les officines de propagande pure. Il y a les petites boutiques franco-françaises comme l’inénarrable “Le Média”, gourbi foutraque né dans la mouvance de la “France Insoumise”, traversé périodiquement par des purges et spécialisé dans la désinformation, sauce gauche radicale. Audience minuscule mais influence néfaste sur quelques esprits avides de conforter leurs certitudes. Il y a aussi, et c’est plus grave, les organes financés intégralement par des puissances étrangères comme les deux web-télés russes : “Sputnik” et “Russia Today en français” (RT France). Ces deux entités sont d’autant plus malfaisantes qu’elles produisent de la matière habilement confectionnée. Cela ressemble à de l’information avec toutes les apparences formelles de sérieux mais c’est de la marchandise frelatée. Beaucoup de “gilets jaunes” se sont reconnus dans le miroir complaisant tendu par les petites mains de Poutine en France.
C’est une sale période pour le journalisme et pour les journalistes, corporation détestée. Ce moment d’hystérie s’éternise depuis presque 6 mois en France. Des phénomènes semblables sont observés ailleurs et, partout, le populisme se nourrit de ce vaste dérèglement de l’information (Brexit, élections de Trump et Bolsonaro, arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en Italie, etc). Il est devenu difficile, même pour les plus avisés, de comprendre une situation politique et sociale autour de laquelle le brouillard des mensonges s’épaissit. Nous y perdons tous beaucoup. Et notre démocratie s’abîme dangereusement.
Jérôme Godefroy (mai 2019)


Windows 10 : La Prochaine Grande Mise À Jour Ne Sera Pas Sans Conséquences

Forbes
6 mai 2019


| La mise à jour Windows 10 1903 arrive, mais pas sans conséquences. STEVE KOTECKI

La mise à jour de Windows 10 la plus importante à ce jour est presque là, mais Microsoft a émis un avertissement essentiel pour ses utilisateurs.
Dans un nouveau communiqué, Microsoft a averti les utilisateurs qu’ils auront besoin de deux fois plus d’espace de stockage sur leur PC pour accueillir Windows 10 1903, la mise à jour qui donne enfin à tous les utilisateurs le contrôle des mises à jour Windows. La nouvelle règle s’appliquera à toutes les versions de Windows 10 : Home, Pro et Enterprise.
Le nouveau stockage minimum est de 32 Go, soit le double de l’ancienne version 32 bits et près de 40 % de plus pour les éditions 64 bits. Pour les utilisateurs de PC récents, cela ne posera probablement pas de problème, mais pour les PC plus anciens (ou les utilisateurs qui consomment beaucoup de stockage), cela pourrait s’avérer un obstacle plus problématique. Certains auront même besoin d’acheter un nouveau disque dur ou de faire migrer leurs données.
Paul Thurrott, spécialiste de Windows, pense que la mise à jour de Microsoft ouvrira les portes à des besoins beaucoup plus importants dans un avenir proche : « Je suis surpris qu’il ait fallu autant de temps pour atteindre le stade des 32 Go. Il faudra s’attendre à un minimum de 64 Go dans un futur proche. »
Si vous avez un PC ancien ou si vous ne voulez tout simplement pas renoncer à l’espace supplémentaire équivalent à 4 000 photos de 12MP (source), ignorer la mise à jour Windows 10 1903 ne sera pas une option.
La triste réalité est que les utilisateurs ont besoin de contrôler leurs mises à jour parce qu’elles se sont détériorées, et non améliorées. Les mises à jour de Windows 10 ont causé de sérieux problèmes en octobre (suppression des données personnelles), en novembre et en février (mise à jour des applications).
Vous aurez donc besoin de la mise à jour Windows 10 1903 et vous devrez peut-être décharger voire supprimer certaines données ou acheter du nouveau matériel pour l’installer correctement, mais il s’agit d’une mise à jour trop importante pour être ignorée.

samedi, avril 13, 2019

Michel Schneider. « Gouverner c’est dire ce qui est possible » © Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/france/michel-schneider-gouverner-c-est-dire-ce-qui-est-possible-13-04-2019-12258172.php#PLPuYRXdmJbxgA0G.99


https://www.letelegramme.fr/france/michel-schneider-gouverner-c-est-dire-ce-qui-est-possible-13-04-2019-12258172.php?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#


« La France est devenue une société auto-immune où certaines catégories sociales s’en prennent à d’autres, détruisant l’équilibre de l’organisme », avance le psychanalyste Michel Schneider.Psychanalyste, chroniqueur au Point, auteur de « Big Mother », « Miroirs des princes » ou encore « Marilyn, dernières séances », Michel Schneider, analyste décapant de la politique, est le premier à avoir dénoncé, dans le JDD, la toute-puissance des gilets jaunes dont les défilés du samedi sont devenus un rituel. 
C’était courageux de se lever contre le mouvement dès le mois de décembre !

À l’époque, la quasi-totalité de la classe médiatique et intellectuelle était à l’unisson dans cette concurrence victimaire qui fait que dans l’imaginaire des gens, la bonne place n’est plus d’être acteur, de prendre en main son destin mais au contraire d’être une victime et d’en accuser l’État. Il fallait vraiment chercher les voix discordantes qui exprimaient la stérilité du mouvement, son incapacité à formuler des mots d’ordre cohérents. Umberto Eco, parlant du Mouvement 5 étoiles en Italie, a évoqué une « conjuration des imbéciles ».
« Ce qui dicte ce qu’on doit faire, c’est l’intérêt général, pas la somme des intérêts particuliers ».

Finalement, les gilets jaunes ont-ils fait aimer a contrario la démocratie représentative ?

Les formes prises par ce mouvement et sa nature antidémocratique sont inquiétantes. Pourquoi choisir les Champs-Élysées comme lieu de manifestation ? C’est trop facile de dire que c’est la province contre Paris et que tout est de la faute du gouvernement. C’est la haine de Paris. Ils vont dans les beaux quartiers pour salir la Ville Lumière qui leur échappe. Car, dans tous les discours sur les gilets jaunes, on parle des Français mais pas de la France. Qui osera dire comme de Gaulle : je m’adresse au pays et au bien public. Ce qui dicte ce qu’on doit faire, c’est l’intérêt général, pas la somme des intérêts particuliers. J’aimerais que le pouvoir dise : je vous entends mais entendez ce que moi j’ai à proposer dans le sens de l’intérêt général. Aidez-moi (et non pas aimez-moi) à construire la France.

D’autres que vous, comme l’acteur François Berléand, ont osé s’exprimer en contre…

Un type de la République en Marche lui a répondu : « Mais qu’est-ce que gagne Monsieur Berléand ? » J’ai envie de dire mais qu’est-ce que c’est que cette haine des riches qui commence très tôt et interdit la parole à ceux qui gagnent deux fois le Smic ? Il y a des cas scandaleux, comme celui de Carlos Ghosn, mais personne ne dit que les élites, certes pas toutes, ont peut-être mérité leur place par leur travail, leur talent, voir leur génie. Dans les autres pays, ce n’est pas mal de gagner de l’argent. J’ai longtemps travaillé aux Nations Unies, à New York. L’immigré pakistanais, quand il arrivait et voyait une grosse bagnole, il avait envie de se la payer ou que ses enfants le puissent. Pas de la rayer.
« Les chaînes d’info (…) ont jeté de l’huile sur le feu ».

Les médias ont-ils amplifié le phénomène ?

Les chaînes d’info ont voulu faire de l’audience. Ce sont des chaînes de pub en discontinu. Elles ont jeté de l’huile sur le feu. 50 000 personnes se sont imposées à 66 millions de Français. Mitterrand, lui, au moins, avait eu 1 million de personnes dans la rue sur l’école privée. On a fait croire un soulèvement populaire en faisant co-présenter les infos par un présentateur et un gilet jaune. Bien que sa génération soit très sensible aux réseaux sociaux et à la communication, Macron a sous-estimé les résonances du mouvement dans l’opinion. Le président a lâché trop et tard. Il aurait dû instaurer, pour 2019, une taxe exceptionnelle sur les très hauts revenus.

L’histoire de la Révolution française est-elle toujours prégnante ?

Il y a un fantasme révolutionnaire avec un mythe dont on oublie les excès et le fait qu’il a fallu ensuite l’énergie de Napoléon pour remettre le pays sur pied. Cet hiver, on voulait marcher sur l’Élysée comme naguère sur Versailles pour ramener le boulanger (Louis XVI), la boulangère (Marie-Antoinette) et le petit mitron censés accaparer le magot.
« La différence entre 1968 et ce qui s’est passé durant l’hiver 2018-2019, c’est le développement de la société de consommation ».

Avec le recul, comment définiriez-vous ce mouvement des gilets jaunes ?

Comme celui d’un narcissisme blessé mais c’est un mouvement anomique, sans représentation de normes partagées. Quand on leur a donné l’occasion de venir débattre, ils ne sont pas venus. Sans doute parce qu’ils étaient trop peu formés et informés pour affronter un débat public et la loi de la majorité. C’est plus facile de parler entre soi, de penser qu’on a raison en étant les moins nombreux. Il faut avoir un peu le sens du réel quand on revendique.

Était-ce un nouveau mai 68 ?

La différence entre 1968 et ce qui s’est passé durant l’hiver 2018-2019, c’est le développement de la société de consommation. Les émeutiers s’en sont pris aux symboles du commerce. La France est devenue une société auto-immune où certaines catégories sociales s’en prennent à d’autres, détruisant l’équilibre de l’organisme.

Les gilets jaunes auraient-ils pu prendre le pouvoir ?

Les faibles ne prennent jamais le pouvoir. Ce sont les plus forts au nom des faibles même s’il y a des minorités agissantes qui arrivent à le faire. Mais pour en sortir, il faudrait que Macron ait le courage de dire aux Français que gouverner c’est choisir et dire ce qui est possible et à quelle vitesse.

samedi, avril 06, 2019


https://www.lexpress.fr/culture/ces-injustices-que-les-gilets-jaunes-ignorent_2068156.html

Ces injustices que les gilets jaunes ignorent"

publié le 
 
Alain Bentolila, essayiste et linguiste.
 
G. KLEIN/SDP

Le linguiste Alain Bentolila, auteur de nombreux essais à succès, s'inquiète des cécités des gilets jaunes quant aux vraies iniquités.

Trois obsessions rassemblent les "gilets jaunes", qui hantent semaine après semaine nos villes : la jouissanceimmédiate et légitime de tous les avantages matériels dont ils se sentent chacun injustement spoliés ; la suppression sans retard de toutes les contraintes sociales et administratives qui entravent leurs vies personnelle et enfin une méfiance systématique envers tout ce qui de près ou de loin ressemble à une argumentation, à une démonstration et à une autorité intellectuelle ou morale. 
Leurs désirs, à la fois attisés et interdits, les ont emmenés à confondre plaisir (j'aimerais tant... !) et frustration (pour quoi lui et pas moi... ?). Leur refus absolu de toute astreinte, les amène à confondre règle et abus de pouvoir. La défiance qu'ils portent à l'histoire, à la science et à la culture fait du passé table rase et du futur une croyance. Ce que nous montre le mouvement des gilets jaunes c'est la victoire de la ponctualité sur la profondeur, celle de la répétition sur l'originalité, celle de la simplification sur la complexité. C'est une défaite de la pensée. 

Le destin scolaire, iniquité suprême

Ceux qui mènent ce soulèvement ont oublié que l'essentiel ce ne sera pas ce qu'ils posséderont de plus à la fin de "l'histoire". L'essentiel, c'est ce que sera le destin de ceux qui leur survivront. Plutôt que de dresser la liste hétéroclite des changements qu'ils appellent à revendiquer samedi après samedi, ils devrait tenter d'identifier les mutations éducatives, sociales et culturelles qui permettraient de faire de tous les enfants de ce pays des êtres de pensée libre et de parole justecapables d'autant de compréhension que de proposition.  
Mais, dans leurs manifestations, banalement répétées, pas un mot sur l'éducation et sur la culture ! Pas un mot sur la résistance intellectuelle des jeunes à la manipulation et aux mensonges ! Persuadés que la pire injustice est de n'avoir pas ce qu'un autre possède, ils en oublient que l'iniquité suprême c'est aujourd'hui que le destin scolaire, culturel et social de trop d'enfants -souvent les leurs - soit scellé dès six ans parce qu'ils sont nés du mauvais côté du périphérique ou, pire encore, dans des friches rurales. 
Ces enfants là ne portent pas de gilets jaunes ; ils sont invisibles, condamnés à errer durant plus de quinze années dans le long couloir de l'échec. Lorsqu'ils sortent de ce couloir où ils n'ont appris que la frustration, la rancune et le repliement, ils sont promis au ghetto et à la vulnérabilité intellectuelle. Ils sont alors contraints de renoncer à exercer ce pouvoir propre à l'humain de transformer, quelque peu que ce soit, les autres et le monde par l'exercice pacifique de la langue orale ou écrite.  
Plus ils avancent dans ce couloir, plus se font rares les portes de sortie, plus s'affirme la conscience de l'échec, plus lourd pèse un découragement qui engendrera la révolte et la violence. Ils sont les oubliés d'une triste "révolution" qui agrège les égoïsmes adultes. Tout à leur impatience d'avoir plus et de consentir moins, les gilets jaunes perdent ainsi de vue ceux qui arrivent derrière eux. Pris dans un tourbillon de dénonciations, obsédés par la recherche de boucs émissaires, possédés par le désir d'être enfin vus et entendus, ils négligent la seule chose qui devrait compter pour eux : imposer que soient mises en place les conditions d'un épanouissement intellectuel, culturel et moral de leurs enfants afin qu'ils aient une chance de construire un monde un peu meilleur que celui que leurs parents leur auront laissé. 
Certains me répondront que les gilets jaunes se battent justement pour que l'avenir de nos enfants soit meilleur... Illusion ! Ce n'est pas un combat social auquel appellent leurs leaders ; c'est une "effervescence", une "exaspération", une "indignation" qu'ils provoquent ; nourries de convoitises, de frustrations singulières et de jalousies intestines.  

Un mouvement désespéré

C'est pourquoi ce mouvement est désespéré. C'est pourquoi il attire si peu les jeunes sauf ceux qui espèrent désespérément laisser, par la violence, une trace "sale" sur le monde. C'est pourquoi il draine les pires penchants xénophobes, racistes et sexistes. C'est pourquoi les "indignés" autocentrés qui s'y accrochent iront vers encore plus de frustrations, plus de déceptions et plus de rancoeurs. S'ils s'éteignent-quand ils s'éteindront- ce sera dans l'aigreur et le ressentiment, révélant un néant spirituel, un vide culturel et une incapacité de penser d'abord aux destins de ceux qui les suivent.  
Ne cherchons pas ailleurs qu'en nous mêmes les responsables de ce qui aurait pu être un espoir et qui est devenu une décadence. Nous sommes devenus des gilets jaunes parce que nous avons succombé à notre peur égoïste de regarder plus loin que nous. C'est cette terreur qui a engendré notre lâcheté intellectuelle et morale ; rendu nos esprits si faibles, incapables de questionnement et d'argumentation. Nous sommes tous coupables d'avoir négligé notre premier devoir : transmettre à nos enfants le bonheur de comprendre et de se faire comprendre. 
Nous avons renoncé à cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ pour nourrir les siens. Oubliés le raisonnement rigoureux, la réfutation exigeante ; toutes activités tenues aujourd'hui pour ringardes et terriblement ennuyeuses, remplacées par la réaction immédiate et l'éructation imprécise. Ces foules hébétées et haineuses sur le Net comme dans les rues cherchent à nous tromper en dénonçant la diversité culturelle et religieuse comme ce qui menace notre cohésion sociale. En réalité, c'est la délétion de notre intelligence collective et de notre langue commune qui nous a rendus incapables d'analyser nos différences, de les reconnaître et d'en parler. C'est elle qui, aujourd'hui, sur les réseaux sociaux et dans la rue, conduit ceux qui se proclament abusivement le "peuple" vers le racisme haineux, vers la tentation du fascisme..., vers le renoncement à ce qui fait de nous des Hommes. 
Tous, risquons de voir un jour les mémoires vides de nos propres enfants errer sans but dans un désert culturel attirées par le reflet du premier écran, convaincu par le premier mot d'ordre. Nous aurons alors perdu la dernière bataille. Nous l'aurons perdue en jaune, comme d'autres l'ont perdue en rouge ou en noir, comme à chaque fois que nous avons renoncé à cultiver l'intelligence et la culture. 




dimanche, mars 10, 2019

https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0600818025803-raphael-enthoven-les-gilets-jaunes-refusent-dentendre-quils-ont-ete-entendus-2250700.php


Raphaël Enthoven : « Le mouvement des gilets jaunes n'ira pas plus loin »
DANIEL FORTIN / Rédacteur en chefDOMINIQUE SEUX / Directeur délégué de la rédaction      Le 08/03 à 06:45Mis à jour à 12:29 




Le philosophe essayiste Raphaël Enthoven.
Le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven. - Constant Formé-Bècherat/Hans Lucas/AFP
Près de quatre mois après la crise des « gilets jaunes », l'essayiste Raphaël Enthoven analyse pour « Les Echos » ce mouvement dont l'insigne faiblesse, selon lui, est de n'avoir jamais fait l'effort de passer du rejet au projet.
Le mouvement des « gilets jaunes » a commencé mi-novembre. Presque quatre mois après, qu'en reste-t-il ?
On pourrait dire aussi que les « gilets jaunes » sont apparus à Athènes, au VIe siècle avant notre ère, quand s'est ouvert un abîme entre les possédants et le petit peuple surendetté. Ou qu'on les retrouve à Rome, un siècle plus tard, quand l'oligarchie se vit opposer un refus plébéien de s'engager dans l'armée. En fait, les « gilets jaunes » sont aussi anciens que la démocratie elle-même, dont ils contestent les institutions chaque fois qu'elle échoue à garantir les libertés matérielles. Rien de nouveau dans les cérémonies saturnales auxquelles nous assistons depuis novembre. Que reste-t-il d'une colère qui n'a jamais réussi à condenser en propositions précises ? Pour le meilleur : l'irremplaçable sentiment d'une fraternité retrouvée, l'expérience précieuse d'une solidarité concrète et le retour sur le devant de la scène de l'éthique de conviction, et (tout de même) dix milliards d'euros de concessions... Mais pour le pire, l'amertume d'un mouvement qui n'a jamais fait l'effort de passer du rejet au projet, le gâchis d'avoir refusé toute députation (qui les prive d'une liste aux européennes) et la désolation d'avoir basculé dans la violence ad hominem. Le mouvement peut continuer indéfiniment (c'est agréable de se retrouver chaque samedi) mais, à mon avis, il n'ira pas plus loin.

De quels symptômes a-t-il été l'expression ?
Ou de quelles pathologies a-t-il été le symptôme ? Elles sont nombreuses. Le sentiment que ce qui manque a été dérobé par ceux qui ont davantage ; le sentiment que la faiblesse est une vertu, et la force une méchanceté ; l'illusion que l'égalité des droits est une égalité des compétences (et « qu'on va leur apprendre à gouverner, à tous ces incapables ! ») ; la confusion de ce qu'on souhaite et de ce qu'on croit (l'attentat de Strasbourg est une manoeuvre, puisque ça m'arrange de le penser) ; le sentiment que la colère est tellement légitime qu'elle est dispensée d'avoir un contenu précis (le dessinateur Xavier Gorce résume la chose en une phrase : « Nous exigeons ! Mais n'essayez pas de nous piéger en nous demandant quoi ») ; le désir de penser qu'on vit en dictature pour justifier le fait, en retour, de s'en prendre à des symboles de l'Etat ; la faiblesse, en somme, d'un mouvement qui s'est complu dans le refus et s'est privé de moyens d'action concrets (c'est-à-dire de porte-parole) au moment où il avait l'oreille des Français. Tant pis.

La société française a-t-elle vécu - hors élections - ce que d'autres pays, le Royaume-Uni, l'Italie, les Etats-Unis vivent à l'occasion de rendez-vous électoraux ? Bref, est-ce notre système institutionnel qui est incapable de « réguler » les mécontentements ?
La violence des 'gilets jaunes' tient au désir de fabriquer un ennemi, plus qu'à l'envie de l'abattre.
Ce ne sont pas les institutions qui sont en cause, mais les partis politiques. Aucun d'eux n'était en mesure d'incarner le mouvement. Ni les insoumis qui, en jetant de l'huile sur le feu, ont vendu leur âme pour une bouchée de pain. Ni l'UPR, dont l'entrisme culmine en quelques lignes europhobes dans des faux tracts « officiels ». Ni DLF malgré les surenchères complotistes de Dupont-Aignan. Ni le Rassemblement national, dont la cheffe démonétisée n'arrive pas à applaudir ni à désavouer des agressions de gendarmes. Aussi le mouvement n'a-t-il jamais réussi à se donner une colonne vertébrale. Il n'y a pas d'opposition en France, susceptible de canaliser le mécontentement. Juste des groupuscules, des parasites et des récupérateurs qui font la danse du ventre en « gilet jaune ». La France n'est pas un pays dépolitisé, dont les citoyens apathiques se contenteraient d'aller dans l'isoloir une fois tous les cinq ans. Mais un pays hyperpolitisé, dont les vigilants citoyens se méfient des gens qu'ils ont élus. Or, quand personne ne capte cette méfiance pour la mettre en discours, elle culmine dans la haine et la violence.

Quel est votre avis de philosophe sur la part de l'économique (pouvoir d'achat ou autre) et de la revendication sociétale (isolement, mépris de classe etc.) dans l'avènement de ce mouvement ?
Quand on galère, il est normal qu'on s'accroche à la solidarité comme à l'objet de son amour, et au gouvernement comme à l'objet de sa haine. Mais les gens qui se contentent d'expliquer ce mouvement par la détresse ou la misère peinent à expliquer la disparité des « gilets jaunes ».

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Et pour cause : il y a bien autre chose dans cette révolte, qui tient davantage à la représentation, qu'à la justice. L'enjeu n'est pas simplement d'améliorer les conditions de vie en se donnant le gouvernement pour bouc émissaire, mais d'accéder à la visibilité. De ce point de vue, l'objet gilet jaune est un coup de génie, puisqu'il rend spectaculaire l'anonymat lui-même ! Il transforme en fierté l'absence de grade. Et il donne à la décision de porter un gilet jaune (dont tout le monde dispose) la force d'une conversion.

La violence verbale ou physique vous a-t-elle étonné dans ce mouvement ou à ses marges ?
Non. La violence des casseurs n'est pas une transgression, mais une façon d'obéir à ce que Romain Gary appelle, dans « Chien blanc », une « société de provocation » - c'est-à-dire une société d'abondance qui pousse indéfiniment à la consommation tout en privant une grande partie de sa population des moyens d'assouvir les appétits qu'elle suscite... Quant à  la violence des « gilets jaunes » eux-mêmes (les guillotines, les potences, les « Brigitte, à poil ! » etc.), elle tient au désir de fabriquer un ennemi, plus qu'à l'envie de l'abattre. L'enjeu n'est pas de tuer le président ni de violer son épouse. Mais de se représenter le président en souverain déchu que la guillotine menace. La violence ne sert qu'à accréditer - en la nourrissant de son vacarme et de ses images - la thèse absurde d'un monarque Macron bientôt étêté par des sans-culottes. La violence des « gilets jaunes » est uniquement là pour donner corps au fantasme d'un Etat tyrannique. Or, c'est ainsi que naissent les tyrannies : par le sentiment de gagner en liberté quand on dénonce les lois qui la préservent.

Notre Ve République (et peut-être chacun de nous) hésite entre le « vertical » et la demande d'« horizontal »... Quel est le bon niveau d'administration à l'heure des réseaux sociaux ?
Le problème est plus temporel que spatial. La question de savoir où doit se trouver le gouvernement vient après la question de savoir à quel rythme les décisions sont prises. En somme, c'est une banalité : le temps politique est hanté par l'immédiat. Ce qui a pour conséquence de soumettre la décision du souverain à l'humeur de son peuple (Chirac était le champion de cette pantinisation de lui-même, qui calait la « décristallisation » des pensions des anciens combattants coloniaux sur le jour de la sortie du film « Indigènes »)... Comment gouverner à ce rythme-là ? Comment voir plus loin que le bout de son nez quand l'oeil est attiré par tout ce qui brille ?  Le RIC [référendum d'initiative citoyenne, NDLR] est à la pointe de cette involution démocratique, qui soumet le gouvernant au temps publicitaire de la popularité, et le prive ainsi de toute possibilité d'action dans le temps. Au temps perdu des réseaux sociaux et de la quête de popularité, la politique exige, à l'inverse, d'opposer le temps retrouvé, c'est-à-dire le temps long. La verticalité viendra ensuite. D'elle-même.

Emmanuel Macron a réagi avec le grand débat... Demande-t-on à un chef de débattre ou de décider ?
Le combat loyal du président en bras de chemise, face à des maires courtois mais sans merci, donne une belle image de la politique.
Débattre était une décision. Et une façon de répondre à l'accusation de n'être pas entendu. Quand les gens se sentent méprisés, quand ils ont le sentiment d'être regardés d'en haut comme des bêtes curieuses, la moindre des choses est de descendre dans l'arène. Un président qui se retrousse les manches pour affronter des questions difficiles, tout en demandant aux Français leur sentiment sur les alternatives qui se posent à lui  ne donne pas de la politique une mauvaise image. Et puis il est trompeur (à mon avis) de croire qu'on débat avant de décider. Dans la vie comme en politique, on décide, et ensuite seulement on délibère... D'ailleurs, les gens ne veulent pas d'un président qui change d'avis. Mais d'un président qui ne redoute pas de les affronter.

Comment un pays peut-il passer de ce qui a paru être de l'optimisme en 2017 à la dépression en 2019 ? Quels ressorts mentaux sont à l'oeuvre ?
Les gens qui se réjouissaient de la victoire d'Emmanuel Macron et ceux qui voudraient voir sa tête en haut d'une pique aujourd'hui ne sont pas les mêmes ! Et l'on peut difficilement parler du pays entier, à chaque fois. En revanche, les deux phénomènes (l'émergence d'En marche et le mouvement des « gilets jaunes ») ont en commun d'avoir ubérisé les structures habituelles de la représentation. Aucun des outils datant de l'époque où le pouvoir se partageait en droite et gauche et Internet n'était qu'un épiphénomène ne permet de penser adéquatement la façon dont ces mouvements sont apparus. La mise en réseau d'un enthousiasme lui donne une force qu'aucun parti traditionnel ni aucun organe de presse n'a jamais eu. C'est à ces apparitions fulgurantes qu'il faut être attentif à mon sens, et non aux motifs qu'elles se donnent, et qui varient selon les modes.

Les dirigeants sont-ils condamnés à l'impuissance dans un monde qui se moque des frontières ?
Pas plus qu'auparavant. Comme dit Machiavel, à la fin du « Prince » : « Ne pouvant admettre que notre libre arbitre soit réduit à rien, j'imagine qu'il peut être vrai que la fortune dispose de la moitié de nos actions, mais qu'elle en laisse à peu près l'autre moitié en notre pouvoir. » En d'autres termes, les dirigeants ne sont pas responsables des malheurs et des infortunes causées par le village global, mais ils sont responsables de ce qu'ils en font. L'impuissance n'est pas l'incapacité d'inverser le cours des choses (qui peut cela ?), mais de baisser les bras. Aucun dirigeant ne peut tout. Mais aucun n'a le droit de renoncer à tout entreprendre. En cela, l'impuissance est d'abord un choix.