ronds-points

Il était une fois, loin de la civilisation occidentale, des petits êtres humains au torse jaune fluorescent, qui attirèrent, par leur comportement étrange, l’attention des scientifiques. Ethnologues, archéologues, biologistes, fumistes, prirent la direction de ces intrigants Homo Sapiens, récemment découverts.
D’ailleurs, étaient-ils vraiment des homo-sapiens ou appartenaient-ils à une autre espèce de l’Humanité ?... La curiosité du monde occidental était à son comble. Particulièrement parmi les chaînes de TV en continu qui se frottaient les mains, à l’idée du nombre d’éditions spéciales dont elles allaient pouvoir abreuver leurs voyeurs, boosteurs d’audimat.
Sans plus tarder, les scientifiques entreprirent le voyage en direction de la Ronpointerie, vaste étendue circulaire goudronnée, sur le nouveau continent de Plastique jaune voguant au milieu de l’océan et qui avait été, peu de temps auparavant, acheté par la société Ricard.
Les premiers scientifiques furent accueillis par un groupe agressif de petits hommes #jaunefluo. Ces derniers se déclarant appartenir à la tribu des « Onnéchénous ». Ces derniers scandaient des slogans hostiles aux scientifiques étrangers qu’ils appelaient les « Amorlémi-grands ». Après avoir été repoussés, puis ayant tenu colloque, les scientifiques envoyèrent deux émissaires qui proposèrent aux « Onnéchénous » 250 caisses de Ricard, 5 tonnes de merguez et un briquet. Les « Onnéchénous » réfléchirent 2 minutes environ et, finalement, les scientifiques furent autorisés à passer la frontière et entrer en Ronpointerie.
La 2e tribu qu’ils rencontrèrent dans ce curieux pays en forme de cercle, ce furent les « Rouadelaabit », tribu toute aussi belliqueuse que les « Onnéchénous » mais dont les croyances et les armoiries étaient fort différentes. Les Rouadelaabit avaient pour drapeau une étoffe rouge au milieu de laquelle étaient dessinés des outils. Les onnéchénous avaient, eux, pour étendard, une croix noire bizarre que les scientifiques pensaient avoir déjà vue quelque part, peut-être il y a quelques dizaines d’années du côté de Berlin.
Les religions des deux ethnies divergeaient également. Les Rouadelaabit priaient en chantant des cantiques accompagnés par des orgues de Staline. Ce dieu était apparu, pour la première fois, au nord de l’Amérique du Sud. Son nom : « Mamamamamadouro ». Dans leur mythologie, les rouadelaabit croyaient que Mamamamamadouro était né de l’accouplement d’un Chat-Vez et d’un fidèle-Castré qui eut lieu en des temps immémoriaux, au 5e étage d’un appartement HLM attribué à tort à un couple franco-argentin.
Les Onnéchénous avaient adopté une religion, assez proche du catholicisme, puisque leur dieu était une Trinité, c’est-à-dire, comme pour le lave-vaisselle, un trois en un : Le Père Borgne, la nièce qui louche et la simple d’esprit. Chez les Onnéchénous, les principaux chefs de tribus, Hé_RIC Troué, Gonzaloeil, NicolleNichemise et Charençon du Palmier, se réunissaient deux fois par jour afin de définir une stratégie en vue de parvenir à leurs fins : « Macron, des missions ! »
Une 3e tribu venait compléter cette magnifique population du pays circulaire : « Les Onnépapaulitics ». Ces derniers refusaient la violence mais…. Ils trouvaient quand même qu’elle pouvait se justifier. Ils étaient pacifiques mais quand ils avaient un peu trop bu de Ricard, ils se laissaient volontiers entraîner par les autres tribus guerrières et s’en allaient tous ensemble casser du flic, des médias, de la république et de la démocratie. Ce qui les faisait bien rigoler.
Les archéologues se mirent à ’intéresser à l’habitat et aux modes de vie. Les différentes tribus habitaient chacune sur des cercles différents à l’intérieur du pays, lui-même en forme de cercle. Le code d’entrée était pour tous : «Pipi 3.14 ».
Curieusement, l’habitat était le même pour les Indijaunes des trois tribus : une cabane en bois au milieu du cercle. A l’intérieur, une grande table avec des sièges en formica jaune, des verres à Ricard, une penderie avec des gilets de rechange, une cave toujours bien approvisionnée en Ricard et bien sûr, une photo de leurs dieux favoris.
Les ethnologues interrogèrent les indijaunes sur leurs occupations. Les uns passaient leur temps à faire des bras ou doigts d’honneur aux fourgons de police qui passaient par là, d’autres rackettaient ou bloquaient les automobilistes qui allaient travailler. D’autres encore allumaient le feu (C’était surtout un certain Johnny qui en était chargé). Enfin, tous buvaient la boisson nationale : le Ricard.
La plupart des Onnépapaulitics étaient des migrants venus des cinq autres continents. C’étaient pour beaucoup, de vieux couples qui s’ennuyaient chez eux, à regarder la TV et « les mystères de la chambre jaune » ou bien d’autres dont le conjoint les empêchaient de boire du Ricard quand ils le voulaient. D’autres encore, souffrant de solitude, purent trouver là un peu de chaleur (surtout depuis que Johnny ne cessait d’allumer le feu). Et enfin, des transfuges de la tribu des Rouadelaabit venaient assumer là leurs envies irrépressibles de reproduction.
Les revendications des trois tribus se rejoignaient. Elles s’exprimaient sous forme de slogans : « Monsieur Macron, s’il vous plaît, des missions ! » ou bien « On n’en peut plus nomdédieu ! » ou « Y gagne 20€ de plus que moi, c’est un riche ! ».  ou encore : « On lâchera rien ! », Et effectivement, ils ne lâchaient rien puisqu’ils ne savaient pas très bien au fond ce qu’ils voulaient, si ce n’est passer de bons moments entre camarades intellectuels.
 Les médias qui accompagnaient les scientifiques s’en donnèrent à cœur joie. Pendant des mois, chaque jour, des éditions spéciales sur les Jaunesfluo eurent lieu tournant en boucle, sur les plateaux. Surtout chez Béhéfémeu, TDRussia et Sputnik. Là, les guerriers jaunes, s’épanchaient sur leurs souffrances : les retours de camps de concentration de membres des Onnéchénous très amaigris, ceux qui avaient été gazés dans les tranchées de Verdun, d’autres qui furent tranchés par des bouchers distraits qui les avaient pris de vieilles saucisses. Bref, toute la misère du monde se racontait devant les caméras, objets plus compassionnels que les jaunesfluo et qui souffraient en silence devant tant d’intelligence bien cachée.
Encouragés par ces succès médiatiques, les chefs de tribu, ne se sentant plus pisser, voulaient détruire la "dictature macroniste » qui, on le sait avait instauré ce régime en 2017, par un coup d’état appuyé par l’armée du général de Villiers.
Pendant ce temps, bien entendu, les dieux des différentes tribus se frottaient les mains. Leurs croyants et sujets travaillaient pour eux. Les TV en continu « faisaient » de l’audimat tout en racontant des blagues de Toto jaune. Les jaunesfluo prenaient le melon et engrangeaient des souvenirs pour raconter à leurs petits enfants comment ils avaient permis la transition de la démocratie à la jolie dictature qu’ils avaient construite avec Messieurs Bannon et Poutine.

Emportés par le flot de leur compassion pour leurs semblables humains, les jaunesfluo ajoutèrent quelques slogans antisémites, racistes, homophobes et tout ce qui se gobe…  Sous la houlette de la générale en chef de la dynastie des Borgnes-Louches de Saint Cloud, ils créèrent une milice armée qui déporta les opposants vers les goulags poutiniens.
Cinq ans plus tard, les Républicains débarquèrent au Zoo de la Flèche, quartier général des « de Saint Cloud » qui s’enfuirent en Amérique du Sud, tandis que leurs alliés, les Rouadelaabit, ex-collabos, s’étaient engagés dans la Résistance républicaine 4 jours avant le débarquement, s’achetant ainsi une nouvelle virginité.

Roland Vannier
Perpignan le 18 février 2019