RÉENCHANTÉ LE MONDE LE TITRE DU LIVRE DU PHILOSOPHE BERNARD STIEGLER ME VA A MERVEILLE
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jeudi, mai 17, 2018
jeudi, mai 03, 2018
Écoute-moi bien, petit con de casseur privilégié
La France, la vraie,
te rit au nez
par
- 3 mai 2018
Un
casseur dans Paris, 1er mai 2018. SIPA. 00857106_000054
Ecoute petit con, toi qui contestes qui revendiques et
qui protestes, qui brailles et qui manifestes, qui défiles dans nos villes et
qui nous les casses, de plus en plus souvent et de plus en plus fort, je te
connais comme si je t’avais fait. Je te connais comme si j’étais ton père parce
que j’en ai l’âge mais surtout parce que moi aussi à vingt ans, j’étais
anarchiste. Moi aussi, j’ai aimé la joie de l’émeute, le parfum du gaz et le
goût de la bagarre. J’ai aimé ces moments volés à l’ordre urbain monotone, ces
chamboule-tout jouissifs quand les bagnoles s’arrêtent et vont rouler ailleurs
parce que tel est notre bon plaisir, quand on se moque que le petit bonhomme du
feu devienne vert ou rouge pour traverser, parce qu’on traverse tout et
partout, quand le petit bonhomme ordinaire qui d’habitude attend son tour
n’attend plus, parce que le petit bonhomme c’est nous, par centaines et par
milliers, et le feu aussi, et que la rue est à nous.
Rebelle à manger du
foin
Moi aussi j’ai eu des plaisirs incendiaires, pour
rire, pour voir, pour vivre ces instants précieux comme des extases, comme des
orgasmes, quand la liberté est plus qu’une idée, quand elle est une sensation,
et parce qu’un soir, une idiote dans mon genre s’est offerte en me glissant sur
l’oreiller : « J’aime bien les rebelles ». Moi aussi
tu vois, ne te déplaise cet insupportable ton paternel, j’ai été comme toi. Et
puis je suis devenu un autre ou bien moi-même et si je ne suis plus dupe de
certaines attitudes insurrectionnelles et de certains discours
révolutionnaires, je le dois à d’autres. Sans eux, qui sait ce que je serais
devenu ? Qui sait sans quelques voix honnêtes et amies, et sans la
bienveillance de ce que j’appelais alors et que tu appelles encore l’état
policier, je ne serais pas resté rebelle à manger du foin ? Comme Coupat,
de son prénom Julien. Au risque de me fâcher, on ne m’a pas lâché, on ne m’a
pas laissé seul et à la merci des escroqueries et des démagogies, on ne m’a pas
abandonné, seul et hypnotisé, au fond d’une impasse idéologique, caressé par Gérard Miller.
C’est pourquoi à mon tour, je me sens tenu à un devoir, celui d’être adulte, et
investi d’une mission, celle de te mettre en garde, petit con.
Saint Malik te protège
Si tu peux nuire, brûler, détruire et casser en toute
impunité ou presque, dans un cadre policier et judiciaire qui te protège plus
qu’il ne te dissuade, si tu continues d’agresser des flics, sans que jamais ils
ne répliquent vraiment et létalement sauf accident, si tu ressors
des gardes à vue avec un titre de gloire et une bonne histoire à raconter sur
l’oreiller à une idiote dans ton genre, c’est parce que tu es protégé,
privilégié. Tu as un ange gardien qui arrête les balles avant qu’elles ne
soient tirées, un saint patron qui empêche toute répression, c’est le patron
des casseurs : Il s’appelle Malik Oussékine. Depuis que les forces de
l’ordre l’ont laissé, un soir d’émeutes étudiantes, par terre et le nez dans le
ruisseau, cardiaque et sur le carreau, Il règne sur les esprits de nos
dirigeants. A toute tentation répressive Il oppose un veto, à toute envie de
changement, Il impose un statu quo. Voilà pourquoi, manifs après manifs, tu
peux jouer au garnement, au gamin turbulent sans risquer de verser une seule
goutte de sang, enfin de ton sang. N’oublie pas quand tu salis
ces murs que d’autres nettoieront pour nourrir une famille, par des graffitis à
la gloire du PCM (parti communiste maoïste), que tu ne vis ni sous Franco, ni
sous Mao, ni sous Maduro, et que c’est parce que la démocratie est plus
libérale que populaire, et la république bonne fille, que tu ne risques ni le
camp, ni les champs, ni les saints sacrements. Connais-tu cette devise
CRS ? Des bosses, pas des trous. Autrement dit, on tape, on ne tue pas.
Elle est française, penses-y avant d’accuser la société et de la brutaliser, et
remercie d’être né ici.
Prends garde au peuple
Si tu peux jouer à la guérilla urbaine comme dans tes
jeux vidéo mais dans des décors réels payés par le travail des besogneux que tu
méprises, toi qui dans ta version politisée dénonces l’idéologie du travail,
toi qui prends chaque mois ton RSA, et subsistes grâce à cette mendicité
institutionnelle, en tendant la main pour vivre aux crochets de ceux qui se
retroussent les manches, c’est parce que nous autres couillons de payants le
voulons bien, même si tu ne le vaux pas. Si tu ne crèves pas de faim dans la
rue, c’est par la charité de ceux dont tu brises les vitrines, dont tu brûles
les voitures et dont tu finis par casser les couilles. S’il t’arrivait de te
laisser griser par tes discours, n’oublie jamais que tu n’es pas le peuple, tu
n’es qu’une infime minorité, un groupuscule, une secte. Le peuple, c’est cette
masse de gens au bureau, au champ, à l’atelier, à l’usine, au volant d’un
camion ou d’un bus et j’en oublie, qui s’échangent le résultat de leurs
travails. Ceux-là ne se paient pas de mots, et quand ils t’entendent, ils
rigolent. Ils se paient ta fiole, jusqu’au moment où ils te voient casser
l’outil ou le fruit de leur labeur, et là ils ne rigolent plus.
Karchër pays de ton
enfance
Et voilà où je voulais en venir : prends garde,
sois toi aussi mesuré, fais attention de ne pas aller trop loin et de ne pas
épuiser la patience de tous ces braves gens contre qui tu pars en guerre avec
le courage du cagoulé au milieu des foules. Retiens tes violences, espace-les,
fais-toi un peu oublier car les pouvoirs de saint Malik pourraient un jour être
épuisés, comme tous ceux qui te regardent, de te voir détruire ce qu’ils contribuent
à construire. Las de te voir toujours recommencer à mettre à terre ce qu’elle
relèven inlassablement, une France qui se lève tôt pourrait avoir
envie de Kärcher, et pourrait mettre au pouvoir une équipe qui
tienne ses promesses. Et alors gare à tes fesses car je ne pourrai plus rien
pour toi, mon cher petit con.
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