jeudi, janvier 29, 2015

Boris Cyrulnik - "La mémoire traumatique"

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Culotté, le pape... | Ars Industrialis

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Culotté, le pape...

Publié par sportnoy le 30 Decembre, 2014 - 15:41
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A la lecture des extraits du discours du pape François tenus devant le Parlement européen, et retenus dans Le Monde du 27 novembre 20014, « mon sang n’a fait qu’un tour », comme dit Madame Michu.
Parlant comme il le fait, le pape semble prendre sous son bonnet toutes les avancées républicaines et démocratiques auxquelles l’Eglise s’est systématiquement opposée au fil des siècles. L’Europe, celle des droits de l’homme et de la personne, les pouvoirs religieux ont tout fait pour l’empêcher de naître. Comme le dit sans vergogne le curé, dans le film de  Ken Loach Jimmy’s hall, il veut bien parler à tout homme à condition qu’il soit à genoux et non debout.
Le discours du pape semble inspiré par l’humanisme républicain ; il est très beau, très juste souvent dans l’analyse faite de notre époque et des comportements humains ; mais il dérape en deux points, laissant apparaître la vieille domination du pouvoir religieux privant l’homme de sa liberté et de sa dignité. Ce pouvoir s’exerce toujours par procuration en utilisant la figure de Dieu détenteur de toute-puissance. A mon sens, déposer la transcendance dans les mains de Dieu, comme il le fait en ces termes « cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimé dans l’univers créé », revient à en priver l’humain. Même chose plus loin : «…où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu… ».
   Laïques, républicains et démocrates, nous n’avons pas besoin de la transcendance telle qu’elle est conçue par le pape. Il existe une transcendance à hauteur d’homme et de femme ; elle est, dès que la personne parvient à s’élever au mieux de ses potentialités évoluées en dépassant son égoïsme et son omnipotence par souci de justice et de respect. Et lorsque le pape ajoute : « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence », il importe de rappeler le sens du mot glorifier et quelques-uns de ses synonymes : louanger, adorer, auréoler, bénir, célébrer, déifier, diviniser, etc.Si je me mets dans une telle posture d’admiration face à une entité nommée dieu, je me soumets à une figure idéalisée, et je favorise ce faisant les rapports dominant-dominé et non ceux de mutualité, de justice et de respect qui déjouent la violence.
En tant que laïque, je peux m’incliner devant le mystère de la création ; mettre à la place de ce mystère un dieu à vénérer, m’assujettie potentiellement, me met à genoux, pas debout. Alors quand le pape dit vouloir l’homme libre de cette façon-là, je ne veux pas de cette fausse liberté-là qu’il veut bien m’accorder. 

Le 11 janvier 2015 | Ars Industrialis

Le 11 janvier 2015 | Ars Industrialis

Le 11 janvier 2015

Publié par sportnoy le 21 Janvier, 2015 - 19:18

  A chaud, que dire des djihadistes européens dont beaucoup semblent avoir le profil des trois assassins
   A l’abandon et sans éducation solide sur le plan familial, en échec scolaire, avec une vitalité de jeune qui voudrait se réaliser mais pour qui tous les chemins sont fermés en vertu de ce passé et d’une société gangrénée par le chômage de masse, il leur reste la délinquance, le banditisme et aujourd’hui l’extrémisme se réclamant de la religion musulmane. Leur rage est à la mesure de leur impuissance. Enfants de sans-vrais-parents, ils deviennent des grands uniquement sur le plan physique. Démunis, parce qu’acculturés, ils veulent détruire la culture, la démocratie, la liberté, la civilisation, etc., tout ce dont ils se sentent privés. Ils se vengent des blessures de la vie, utilisant la toute-puissance attribuée à dieu pour soumettre tout venant en leur pouvoir violent de petits dieu-tyrans. Ils sont les héros sombres et négatifs d’un nouvel obscurantisme. Ces paumés de la vie contemporaine ont recours à la violence, à l’intolérance et à la destruction pour exister de façon narcissique et omnipotente dans un monde où ils n’ont pas le sentiment d’exister.
   La société, via l’école ou tout autre assistance, ne peut pas rattraper les choses si les parents au plus profond ont été incapables de faire l’essentiel du travail d’éducation. Cessons donc de répéter que ces hommes sont les enfants de la République. Il sont d’abord les enfants de parents démissionnaires et, s’ils détruisent la mère patrie, c’est peut-être parce qu’elle est dans l’impossibilité de leur offrir ce qu’une véritable mère et un véritable père auraient dû leur donner bébé et tout au long de leur enfance. La société ne peut pas pallier à tous les manques, compenser tout, réparer tout.
   Pour expliquer la vague d’enrôlement pour le djihad, Olivier Roy dit que ces jeunes seraient pris dans « un mouvement générationnel » marqué par une forme de nihilisme « Dans les messages que certains laissent, ils disent : « J’avais une vie vide, sans but. » La vie telle qu’ils l’appréhendent dans leur famille « ne vaut pas d’être vécue ». Ma génération choisissait l’extrême gauche, eux le djihad, car c’est ce qu’il y a sur le marché. » Plutôt que de sentir « rien », ils choisissent de s’enivrer du « tout » que leur donne leur toute-puissance armée sur des terrain des combats de par le monde où ils font leur loi terroriste sous couvert d’appliquer la charia. Ils décrètent qu’ils sont les seuls à avoir raison, à détenir la vérité sur l’Islam, a être les vrais musulmans, tous ceux qui ne les suivent pas en leur obéissant aveuglement étant des apostats. Celui qui n’est pas avec MOA, d’accord avec MOA, soumis à MA volonté doit être coupé en morceaux et éliminé, telle est leur logique omnipotente. Lorsqu’ils ne sont pas en pays musulman, ils font des incursions assassinent  tâchant de tuer un maximum de citoyens plus ou moins ciblés, comme à Paris en ce début janvier ; autre façon là encore de s’éprouver tout-puissant en faisant sa vedette sanguinaire et en vivant une journée de gloire médiatique suicidaire. Ian Buruma, professeur d’idées politiques et de journalisme au Bard College (New York) le monde du13 janvier dit :« Ce sont des paumés pathétiques, qui auraient troqué leurs rêves adolescents de filles, de football et d’argent facile pour la guerre sainte. C’est apparemment le profil d’un grand nombre de djihadistes européens. Et ils sont loin d’être les premiers adolescents vulnérables à épouser une cause révolutionnaire qui leur donne un sentiment de pouvoir et d’appartenance ». Et Samir Amghar, chercheur à l’université du Québec à Chicoutini dit aussi,dans ce même journal : « On rejoint moins la Syrie pour combattre Assad que pour montrer qu’on est capable de partir. C’est une posture. Ces jeunes sont le produit d’une société occidentale où l’image est centrale et où il est difficile de vivre dans l’anonymat. » Mais ces jeunes tueurs d’aujourd’hui ne sont plus des adolescents mais des hommes ayant passé la trentaine, et leur esprit n’a pas grandi avec les ans.

   Face à ce drame collectif que nous venons de vivre, la France s’est redressée dans toute sa dignité républicaine. Cette mobilisation citoyenne extraordinaire contre la haine, pour la paix et la fraternité, est-elle le signe d’une page qui va se tourner : la page de la grossièreté faite de polémiques à courte vue, de récriminations et de dénigrement infantiles permanents, la page de nos comportements primaires arrogants et mesquins que nous avons trop laissés nous gouverner sans vergogne depuis des années? Ce jour du 11 janvier fera-t-il butée durable à la médiocrité arrogante consistant à mépriser d’abord, à annoncer le pire, à se gargariser de la méchanceté vulgaire sans souci de justice et de respect ? Fera-t-il  basculer le tableau vers un changement durable des mentalités, nos valeurs démocratiques passant au premier plan, nos guerres d’ego des plus nocives pour ces valeurs étant déjouées par nos soins ? Ce 11 janvier marque-t-il l’ouverture d’une nouvelle ère, d’un nouveau pan de l’histoire humaine en chemin d’évolution vers davantage de maturité responsable? Ou est-ce encore une énième illusion de progrès civilisationnel, fruit de l’émotion collective d’un moment, d’une fête fusionnelle éphémère ?

   Les conflits sont inhérents à la vie : ils sont à régler par un travail permanent de tolérance aux différences, quand bien même ces différences et ces différends dérangent nos préjugés, nos certitudes, quand bien même ils nous heurtent, nous choquent, nous mettent en colère. Tous nous avons eu, nous avons, et nous aurons à contenir des colères, à les dépasser par l’intelligence et le dialogue démocratique et républicain, au lieu de les décharger de façon destructrice. Telle est le devoir auquel nous convie la démocratie. C’est grâce à ce travail que l’on ne s’entre-tue pas. Il faut apprendre à n’être pas d’accord sans haine.
   Dire que ces jeunes tueurs abrutis ont la rage parce qu’ils seraient des victimes n’est pas un argument susceptible d’excuser leurs comportements criminels. Comme l’a dit notre Premier Ministre avec beaucoup de justesse, cela peut expliquer en partie leurs actes destructeurs, en aucun cas les excuser. Chacun doit porter sa part de responsabilité s’il veut tenir sa place dans la société. La victimisation ça suffit ! N’importe qui, régulièrement, se sent victime d’injustice, d’irrespect, voire de mépris : cela fait partie de la vie ; ce n’est pas un scandale méritant que l’on sème la terreur.
   Avoir du mal à frayer son chemin, à se réaliser, manquer de reconnaissance, être le plus souvent seul à affronter ses problèmes, accepter d’être un citoyen comme un autre sans être un élu des médias et des caméras, tel est le lot de la plupart des gens lesquels, suffisamment conscients des difficultés liées à la condition humaine et fort de leur humilité, s’efforcent de jouer leur petite partition de l’existence dans l’anonymat, sans haine.
  Reste que, tous ensemble, pour mieux assumer cette difficile condition humaine, nous devons nous créer un horizon d’espérance et d’intelligence fraternelle. C’est ce qui nous manque le plus cruellement. C’est ce qui fut fait en ce 11 janvier. Ne fléchissons plus ! Gardons cet état d’esprit dans le temps, et les changements heureux se feront pas à pas.

Nathan Fillion {Clocks}